Egarés, leur profond ma-laise se traduit par leur attitude craintive et leur silence face à la brusque tournure des événements. Le MSP, succursale de cette mouvance en Algérie, traduit parfaitement cet égarement quand son président, Abderrazak Makri s'est cru obligé de publier, avant-hier, sur sa page Facebook la réaction du PJD, parti islamiste marocain au pouvoir. Makri nous apprend à ce titre que le PJD est «affligé» par l'annonce de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Solidarité islamiste oblige, Makri a «imploré Dieu d'accorder du succès et d'aider» la formation politique de Saâdeddine El Othmani. Au moment où le chef du MSP déclinait cette prière, El Othmani qualifiait l'accord de normalisation des relations entre le Maroc et Israël «d'ouverture» dans un entretien accordé à la chaîne qatarie Al Jazeera. On passe sur le fait que le post d'Abderrazak Makri a totalement ignoré la question du Sahara occidental et on relève que le président du MSP a préféré s'attaquer aux Emirats arabes unis, un promoteur acharné de la normalisation avec Israël. Mais l'islamiste Makri sait ce qu'il fait. En se focalisant sur les Emirats arabes unis, il fait d'une pierre deux coups. Il descend en flammes un ennemi juré des Frères musulmans et il présente le Maroc où officie au gouvernement un autre parti islamiste. La fidélité à la confrérie est de taille et mérite toutes les compromissions et renoncements. Les islamistes du MSP, ont fait de la question palestinienne leur cheval de bataille. Or, pour l'heure, la libération de la Palestine n'est plus cette boussole qui leur permettait, autrefois, de naviguer dans le paysage politique régional. De «boue en boue», Makri et son parti s'enlisent. La compromission avec le PJD nous rappelle, une autre farce. Celle du modèle turc qui séduit toujours le MSP. Abderrazak Makri a des liens très étroits avec les Frères musulmans version AKP, le parti islamiste turc au pouvoir. Les relations entre le régime islamiste turc et le MSP remontent à une date lointaine, quand le MPS faisait partie du gouvernement et dirigeait, notamment le secteur de la pêche. Les armateurs turcs se sont intéressés à la pêche en Algérie et des partenariats avaient été tissés avec les dessous que l'on sous-entend. Au fil du temps, la relation qui lie le régime d'Ankara au MSP, s'est solidifiée davantage avec l'arrivée de Makri à la tête du parti. Fort d'un allié aussi puissant et influent qu'Erdogan, le chef du MSP se voyait investi d'un destin national... Makri n'hésite pas alors à faire la promotion du régime islamiste turc mettant en avant son succès retentissant, sur le plan économique et sa forte implication dans la défense de l'islam et de la Palestine. Il se trouve que le patron de ce parti, le président Erdogan s'est félicité de l'accord de la normalisation des pays arabes avec Israël. Faut-il conclure que le MSP soutient, malgré lui, la normalisation avec Israël? La réponse est évidemment non, mais les faits sont terriblement têtus: l'ami de mon ami est mon ami. Il est évident que la question palestinienne reviendra au-devant de la scène, non pas pour affirmer son aspiration à l'indépendance, mais pour se heurter à Israël, aux Etats-Unis, à plusieurs pays européens et surtout à ses frères arabes eux-mêmes qui se bousculent pour normaliser leurs relations avec l'entité sioniste.