Alors que certains partis politiques soutenus par le pouvoir, se préparent en toute légalité aux prochaines élections, d'autres formations activent dans le but de relancer leur projet politique. C'est le cas notamment du parti Wafa de Ahmed Taleb Ibrahimi, dont les membres du bureau politique, se seraient réunis, cette semaine, à Alger, sous la direction de son porte-parole et membre fondateur, Mohamed Saïd, afin de préparer un retour en force sur la scène politique. Créé au lendemain des élections présidentielles du 15 avril 1999 à partir de comités de soutien du candidat Taleb Ibrahimi, Wafa s'est rapidement illustré comme un poids lourd de la classe politique, s'imposant indéniablement comme un parti puissant à la force tranquille. Taleb Ibrahimi, qui s'est classé en seconde position aux présidentielles, s'est placé comme une personnalité politique incontournable dans le processus de démocratisation du pays. Taxé d'islamiste, pour faire échec à son projet politique, le président de Wafa est avant tout un musulman qui a hérité de son père, Cheikh El-Bachir Ibrahimi, la sagesse politique et la bonne parole. L'ancien ministre des Affaires étrangères avait réussi, grâce à son sérieux et à son engagement politique, à tisser un réseau de relations personnelles qui faisaient de lui un homme politique respecté et reçu avec les honneurs d'un président en Europe et au Moyen-Orient où il a effectué des déplacements fréquents depuis «sa retraite politique».. Après avoir réussi à organiser difficilement son congrès constitutif à l'hôtel El-Aurassi, en raison de quelques barrages administratifs, le parti de Taleb Ibrahimi n'a pas cessé de réclamer, à coups de conférences et de communiqués, l'agrément nécessaire pour sa survie politique. Une revendication légitime qui coûta cher au parti, et qui a poussé le ministre de l'Intérieur, M.Zerhouni à réagir en optant pour l'interdiction pure et simple de ce parti proche de la mouvance islamiste et dont les objectifs étaient redoutés du pouvoir. M.Zerhouni avait déclaré à l'époque qu'«il ne sera pas le ministre qui donnera l'acte de naissance à un nouveau FIS.». Mais, depuis l'interdiction de son parti au mois de novembre 2000 et la mise sous scellés de ses locaux par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Taleb Ibrahimi a renoncé à toute activité politique, évitant, ainsi, de croiser le fer avec les autorités et aurait été approché par des personnalités qui l'en auraient dissuadé. Wafa a choisi la voie de l'apaisement, contrairement au FIS dissous, qui s'est doté d'une instance exécutive à l'étranger. Taleb a choisi une autre forme d'approche, multipliant les conférences à l'étranger notamment en France où il a été régulièrement invité par des instituts spécialisés en relations internationales et en diplomatie où il a exposé ses thèses sur l'évolution de la situation en Algérie.