L'accord entre Wafa et le FLN aurait été scellé au cours d'une rencontre entre les deux chefs de partis. Au moment où nous mettons sous presse, la réunion du parti Wafa n'a pas encore commencé, mais de nombreux indices laissent entendre qu'on s'achemine vers un soutien au candidat Ali Benflis. Cette alliance entre les deux courants de la famille nationaliste revêt un caractère stratégique d'une importance capitale pour l'avenir politique du pays. Non seulement ce bloc va être le pendant de l'alliance présidentielle signée entre le RND, le MSP et les redresseurs, mais elle préfigure déjà les contours du futur paysage politique algérien, non plus partagé entre les éradicateurs d'un côté et les réconciliateurs de l'autre, mais plutôt basé sur des convictions politiques et idéologiques. En d'autres termes, même s'il est encore prématuré d'affirmer que la donne sécuritaire qui a dominé les années 90 est derrière nous, le fait est que ce n'est plus elle qui détermine les appartenances politiques. Nos sources nous indiquent que l'accord entre Wafa et le FLN aurait été scellé au cours d'une rencontre entre MM.Benflis et Taleb eux-mêmes. Donc c'est une alliance qui aurait été discutée au sommet entre les deux courants de la famille nationaliste, à laquelle le docteur Taleb n'a jamais cessé d'adhérer, depuis qu'il milite au sein de l'Ugéma, avant de rejoindre le Fln comme un grand nombre d'étudiants en 1956. Incarcéré dans la même prison que Boudiaf, Aït Ahmed, Khider et Ben Bella, le président du parti Wafa a été membre du bureau politique FLN, puis a toujours été soit membre du comité central soit celui du bureau politique du FLN jusqu'en 1999. Le fils et héritier spirituel du cheikh Bachir El Ibrahimi n'a donc jamais cessé d'appartenir à la famille nationaliste, et son accord avec M.Benflis va dans le droit fil de tout ce qui s'est passé ces dernières semaines, notamment au sein du groupe des dix, où il a été solennellement recommandé de ne pas prôner le boycott aux élections présidentielles du mois d'avril, le retrait des six candidats rivaux de Bouteflika en 1999 ayant montré toute l'inutilité de la politique de la chaise vide. Cette attitude positive du parti Wafa, qui se range dans le même camp que le FLN de M.Benflis, montre à l'évidence que Wafa récoltera bientôt les fruits d'une telle politique, puisqu' il est évident que si M.Benflis accède à la magistrature suprême, il ne fait aucun doute qu'un agrément sera accordé au parti Wafa, en plus d'autres avantages, dont la participation au gouvernement qui sera formé par M.Benflis, ce qui serait logique. Il est même très certain que Wafa n'a rien à attendre d'une reconduction de M.Bouteflika. Non seulement il peut mettre une croix sur son agrément, mais le cercle présidentiel s'est déjà constitué et il demeurera désormais hermétique. Le partage du gâteau a même déjà commencé. Par ailleurs, le parti Wafa, de l'aveu même de ses responsables, a regretté de n'avoir pas participé aux deux précédents scrutins locaux et législatifs. Parce qu'un parti se renforce en menant des batailles électorales et politiques, qui lui permettent d'avoir des élus à tous les échelons et de renforcer ses rangs. Ce n'est que dans l'activité qu'on arrive à mobiliser ses troupes. De son côté, M.Benflis a tout à gagner dans cette alliance avec le docteur Taleb. D'abord parce que le parti Wafa dispose d'une base militante importante dans le pays. Ensuite un tel soutien de poids peut en appeler d'autres, peut-être celui de MM Ghozali et Hamrouche, voire de MM.Benbitour et Sifi eux-mêmes, en plus de celui de M.Ali Yahia Abdenour, combattant des droits de l'homme s'il en est, et qui jouit d'une aura et d'un capital crédibilité unique dans et à l'extérieur du pays. Les deux hommes ont tout à gagner en scellant cette alliance. On s'attend donc à ce que le docteur Taleb anime des meetings avec M.Benflis, notamment à Constantine, Oran, Alger et Annaba, c'est-à-dire au moins dans les principales villes du pays.