«Non à l'Amérique!», «Vengeance!». Par milliers, des manifestants irakiens ont marqué, dimanche, dans une démonstration de force à Baghdad, le 1er anniversaire de l'assassinat du général iranien Kassem Souleimani et de son lieutenant irakien, Abou Mehdi Al Mouhandis, par les Etats-Unis. Le 3 janvier 2020, sur ordre du président américain Donald Trump, une attaque aux drones a réduit en miettes les deux véhicules qui transportaient, au sortir de l'aéroport de Baghdad, l'artisan de la stratégie iranienne au Moyen-Orient et son adjoint irakien, commandant de la force paramilitaire al Hachd al-Chaabi. On avait craint alors un conflit ouvert entre Washington et Téhéran dont les relations sont envenimées depuis plus de quatre décennies. Mais il n'en fut rien, l'Iran se limitant à tirer quelques missiles sur des cibles préalablement convenues. Pourtant, le solde est loin d'avoir été épuisé. Car c'est en Irak que les deux ennemis irréductibles s'affrontent, raison pour laquelle la situation dans ce pays s'avère explosive. Face à des dirigeants qui n'ont ni la force ni le poids politique pour imposer un pacte a minima, les partisans iraniens se montrent à la fois plus entreprenants et plus impatients que jamais. C'est ainsi que, dimanche, ils ont défilé aux cris de «mort au Grand Satan» et exigé le retrait sans délai des forces étrangères présentes en Irak. Comprendre les forces américaines, fortes de quelque 5000 hommes, si l'on en croit les chiffres communiqués par le Pentagone. Déjà, auparavant, les milliers de manifestants avaient conspué, pendant des mois, un pouvoir incarné par le Premier ministre Mustapha al-Kazimi, qualifié de «traître» et d' «agent des Américains». Brandissant des pancartes «Go out USA», les rassemblements qui se sont déroulés dans le calme ont versé dans la ferveur et le recueillement en mémoire des deux chefs militaires assassinés. On se souvient que, dans les jours qui ont suivi la mort de Souleimani et d'al Mouhandis, le Parlement irakien avait voté une motion ordonnant l'expulsion des soldats américains, vote demeuré sans suite. Et c'est en novembre dernier, que Washington a annoncé, en guise de concession, que 500 soldats seront retirés d'Irak à partir du 15 janvier prochain. Jusqu'au moment du départ officiel du président américain sortant Donald Trump, le monde aura retenu son souffle tant le risque d'un embrasement au Proche-Orient aura été permanent et extrême, les deux pays jouant une partition implacable sur la scène irakienne devenue leur terrain de prédilection. Voici cinq jours à peine, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zariv avait averti que «des agents provocateurs israéliens préparent des attaques contres des Américains» en Irak afin de donner au président Trump un «casus belli fabriqué». Et Trump n'a pas raté l'occasion en menaçant de réagir «si un Américain est tué». Convaincu que le milliardaire américain ne cherche qu'un prétexte pour en découdre avec une guerre, Zarif a ajouté, à l'adresse de celui qu'il appelle «le terroriste en chef»: «Attention au piège (...) tout feu d'artifice connaîtra un sérieux retour de flamme, notamment contre votre meilleur ami.» Pendant ce temps, les attaques à la roquette ont repris de plus belle contre les intérêts américains à Baghdad