Des laboratoires craignent fortement l'influence de plus en plus grandissante de Saidal sur le marché africain. L'entrée en production de l'usine d'insuline de Saidal est une victoire sur un groupe de pression le plus important de l'histoire de l'Algérie indépendante. Brassant plus de 900 millions de dollars annuellement, le lobby du médicament a perdu, à travers la mise en service de l'usine de Constantine, une bataille que beaucoup d'observateurs qualifient de décisive dans la «guerre» feutrée que se livrent l'Etat et certains «gros bonnets» autour de la manne financière que représente le juteux marché du médicament en Algérie. La victoire est d'autant plus «éclatante» que l'on a appris du président de la République que le projet de la fabrication d'insuline a déjà fait l'objet de deux tentatives de sabotage, non pas seulement en instrumentalisant certains «leviers bureaucratiques», mais en passant carrément à l'action, deux fois, par le biais d'«actes directs» sur certaines installations. Et pour cause, la fabrication par l'Algérie de ce médicament essentiel prive le lobby du médicament d'une part de marché loin d'être négligeable, d'autant que l'insuline passe pour être un produit vital pour plus de 2 millions de diabétiques. Un marché donc sûr qui échappera désormais aux quelques laboratoires étrangers qui détiennent un monopole de fait sur ce médicament à l'échelle internationale. Ces derniers ne sont, en effet, pas étrangers à la «guerre» du médicament en Algérie. Pour le projet d'insuline, l'on retiendra le rôle joué par ces laboratoires pour retarder l'avènement de l'insuline à 100% algérienne. Le président de la République a évoqué le sujet avant-hier à Constantine, en annonçant que le fameux médicament devait être fabriqué en Algérie dans le courant des années 80 et que le projet a été saboté à dessein. Le chef de l'Etat qui n'ignore sans doute pas le poids du «lobby» a insisté sur le retard mis par le pays pour mettre en échec les tenants de l'importation tous azimuts de médicament. Fortement soutenue par le chef de l'Etat lui-même, la production d'insuline par Saidal est devenue une réalité après une première tentative qui a échoué du fait des tergiversations du partenaire étranger. En effet, en association avec le laboratoire Fabre, l'entreprise algérienne avait dès 1999 initié le projet. Le premier «lâchage» a été le fait de Fabre qui, en cours de route, a vendu ses parts dans la société mixte au danois Novonordsik. Contre toute attente, ce dernier, majoritaire dans l'entreprise, gèle le projet alors que le terrain d'assiette pour la construction de l'usine était fin prêt. Une «manoeuvre» qui n'est pas passée inaperçue puisque le président de la République a ouvertement dénoncé le blocage en 2002 à partir d'Oran et donné instruction à Saidal pour relancer le projet. Lié par des considérations contractuelles, le leader algérien du médicament a dû attendre 2003 pour reprendre l'initiative en s'adjoignant le savoir-faire du laboratoire Aventis qui, faut-il le signaler, a joué le jeu avec Saidal. Cette réalisation décisive dans le «combat» que mène l'Algérie contre le «lobby» du médicament, intervient au lendemain de l'application du tarif de référence pour le remboursement des médicaments. Une «gifle» supplémentaire pour les importateurs qui feront les frais de cette disposition, grevant ainsi leur chiffre d'affaires de plusieurs dizaines de millions de dollars. Le même déficit sera également «supporté» par les laboratoires qui craignent fortement l'influence de plus en plus grandissante de Saidal sur le marché africain. En effet et après le récent lancement de la production du «Saiflu» contre la grippe aviaire, le projet de la fabrication du médicament (trithérapie) contre le Sida en Algérie qui est en phase de lancement fait figure de véritable bombe dans les milieux professionnels outre-Méditerranée. L'entreprise algérienne proposera ses produits à des prix défiant toute concurrence dans un continent qui compte des millions de sidéens. Une opportunité en or pour Saidal pour se placer dans un créneau porteur et un véritable coup pour les laboratoires occidentaux qui auront de grandes difficultés à maintenir leur chiffre d'affaires en Afrique. La bataille du générique dépasse donc les frontières du pays et «titille» des intérêts colossaux. Aussi, dire que la «guerre» est gagnée, c'est aller trop vite en besogne. En effet, on invoque de sources sûres que l'industrie du générique en Algérie est la cible de ces groupes d'intérêt qui n'hésiteront pas à employer la manière forte pour empêcher son développement. Par manière forte, nos sources entendent des actes de vandalisme qui ne sont pas à écarter sur l'ensemble des installations de l'entreprise pharmaceutique nationale. C'est dire que, loin de s'avouer vaincu le «lobby» du médicament est prêt à verser dans la «délinquance» pour maintenir l'Algérie sous dépendance au risque de mettre en péril la santé de tous les Algériens.