Conséquence directe de l'application de la disposition de la loi de finances complémentaire 2005, quelque 11.500 importateurs sur les 32.500 comptabilisés à l'échelle nationale, ont dû cesser leur activité. C'est ce qu'a révélé, jeudi, M.Ouali Yahiaoui, directeur de la régulation et de l'organisation des activités commerciales au ministère du Commerce. Jusqu'à fin mars 2006, ceux-ci ne se sont pas conformés à la nouvelle loi, a-t-il déclaré. Cette dernière oblige les importateurs de produits finis à porter le capital social de leurs sociétés à 20 millions de dinars. Parmi les opérateurs ainsi éliminés du circuit, quelque 9500 sont des personnes physiques, précise M.Yahiaoui. Une autre disposition de cette loi, entrée en vigueur le 26 décembre 2005, impose également à toute société d'importation une domiciliation auprès d'une banque et des services fiscaux. Les nouveaux décrets exécutifs sur l'étiquetage des produits alimentaires et du contrôle aux frontières, qui entreront en application à partir de juin prochain, vont permettre de «poursuivre l'assainissement du secteur des importations», souligne-t-il. L'article 13 de cette loi de finances complémentaire stipule, rappelons-le, que «nonobstant les dispositions de l'article 4 de l'ordonnance n°03-04 du 19 juillet 2003, relative aux règles générales applicables aux opérations d'importation et d'exploitation de marchandises destinées à la revente en l'état, celles-ci ne peuvent être exercées que par des sociétés dont le capital social est égal ou supérieur à 20 millions de dinars entièrement libérés». M.Yahiaoui avait indiqué dernièrement qu'en 2005, une liste de 800 importateurs non localisés a été communiquée à la Banque d'Algérie pour l'interdiction de toute domiciliation bancaire ou transaction avec l'étranger. A fin 2005, 2 479 opérations d'inscription dans le cadre du même article ont été recensées, avançait-il. La mise en oeuvre de cette nouvelle disposition tend à mettre de l'ordre dans ce segment du commerce. Pour M.Yahiaoui, même si cette disposition ne règlera pas définitivement les dysfonctionnements du marché algérien dans ce domaine, elle contribuera certainement à le contrôler et le maîtriser. Il faut souligner aussi que cette nouvelle mesure a suscité de vives contestations de la part des représentants d'entreprises. Ils estiment, entre autres, que le seuil de 20 millions de dinars est «abusif». Certains sont allés même jusqu'à dire que cette disposition favorisera la constitution de véritables lobbys, sacrifiant ainsi les petits importateurs. La cessation d'activité de ce grand nombre d'importateurs explique ainsi la baisse de 5,1% des importations relevée par le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) des Douanes. Il faut dire que cette situation a eu des répercussions sur les prix de certains produits alimentaires sur le marché national, notamment la viande congelée qui a vu ses prix doubler ces derniers mois.