Giulio Andreotti, Franco Marini et Roberto Calderoli en lice pour le Sénat. Massimo D'Alema, président des Démocrates de la Sinistra (DS), renonce pour le bien de la coalition du Premier ministre Romani Prodi au fauteuil de la présidence de la Chambre des députés et retire sa candidature au profit du secrétaire général du PRC (Rifondazione Comunista) Fausto Bertinotti. «J'ai informé Prodi et Fassino de ma volonté de renoncer à la candidature de la présidence de la Camera (...) Ma décision est un choix politique, il n'y a rien d'héroïque.» Le futur président du Conseil et le probable élu de l'hémicycle de l'Assemblée l'ont remercié pour son geste, mais surtout d'avoir en homme sage aplani ce premier «accroc» entre deux importantes formations politiques de l'équipe, qui doit être soudée dans le bien et dans le mal durant les cinq années à venir. Entre-temps, Prodi poursuit ses consultations pour la formation de son gouvernement. «Le pouvoir les unira, ils vont durer... ils vont durer», a laissé échapper Silvio Berlusconi de Porto Rotondo où il prenait quelques moments de relaxe avec quelques amis, à ceux qui lui faisaient la demande sur ce sujet. «Ils vont durer cinq années et peut-être plus. Eh, le pouvoir... le pouvoir unit, non divise.» Peut-être, qu'après les deux coups de fil des deux superpuissants de la Terre, Bush et Poutin, Berlusconi a pris - plus ou moins - acte de sa défaite sans l'avouer. Romano Prodi peut très longuement attendre que Silvio lui téléphone, ce dernier n'a nullement l'intention de le faire. Le deuxième noeud à résoudre est celui de la présidence du Sénat; les noms des candidats se bousculent au portillon, si Franco Marini est en bonne position, parce que présenté par son parti «la Margherite» de Francesco Rutelli et qu'il a l'appui de tout le centre -gauche pour être en bonne position, la droite a sorti un grand et gros lapin blanc de son haut de forme: Giulio Andreotti, le sénateur à vie, l'homme qui a vu naître et mourir la première République, l'homme qui a vécu cinquante années dans les méandres tortueux de la politique italienne, l'homme qui a dirigé à plusieurs reprises le Conseil en étant son président, l'homme de tous les portefeuilles, l'homme que tous les politiques donnaient pour fini dans ce long procès de Palerme où on l'accusait de collusion avec la maffia. Lui qui a eu cette «belle et profonde» phrase: «Que le temps est gentilhomme», à la fin de son procès, qui a duré pas moins de onze années. Sénateur à vie, homme politique à vie, Andreotti donnera sûrement du fil à retordre à Franco Marini, tous les deux membres de l'ex-parti «La Démocratie chrétienne» (DC), qui a dirigé le pays durant cinquante ans. Le troisième candidat à la présidence du Sénat est Roberto Calderoli, l'ex-ministre de la Lega Nord de Umberto Bossi, l'ex- ministre des Réformes, l'homme «alla maglietta delle vignette» destitué après les violentes manifestations de Benghazi (Lybie), manifestations soulevées en réponse à son comportement xénophobe devant les caméras de RAI2. Lui qui a écrit cette dernière loi électorale sur mesure pour la «Casà delle liberta» et qui , à la fin, les a fait perdre pour une poignée de votes. Roberto Calderoli, président du Sénat ne le sera jamais, surtout devant ces deux poids lourds de l'ex- DC : Franco Marini et Giulio Andreotti, deux adversaires politiques de haut rang, qui ont fait un bon bout de chemin ensemble, deux adversaires qui se connaissent bien, comme le dit Marini: «Je respecte Andreotti, j'ai été son ministre.» Tout cela en attendant le 28 avril, jour de la première réunion du Parlement et, le 29 avril, celui des élections des deux présidents, des députés et des sénateurs.