Le ballet national accuse un trou d'un montant de 1,7 milliard de centimes. Les artistes du ballet national ne savent plus sur quel pied danser. Les conditions dramatiques dans lesquelles ils se trouvent, ne cessent d'empirer. Justement, pour parer à cette situation que d'aucuns qualifieront de crise, ils ont constitué, hier, au siège de l'Ugta, une commission pour élaborer une plate-forme de revendications. Laquelle sera transmise au ministère de tutelle et à l'Ugta (Union générale des travailleurs algériens). Il faut le dire, ce qui se passe au ballet national algérien est peut-être qualifié, à juste raison, de tragique. Les droits des artistes sont bafoués. L'exercice du métier se fait dans des conditions lamentables. Les salaires qu'ils perçoivent sont dérisoires. En effet, cela est connu depuis belle lurette. Néanmoins, le drame dans cette histoire, c'est lorsqu'on apprend que des responsables dénués de scrupules versent dans le détournement de l'argent de cette institution. Ainsi, pas plus loin que la semaine dernière, on s'est rendu compte que le ballet national accuse un trou d'un montant de 1,7 milliard de centimes. Le pot aux roses a été découvert suite à une commission d'enquête dépêchée par le ministère de la Culture. Le comptable, la seule personne impliquée dans cette affaire, du moins pour le moment, est incarcéré à la prison de Serkadji, à Alger. Ceci n'est en effet que la face apparente de l'iceberg, car le verso dissimule certainement d'autres affaires plus macabres encore. En outre, lors de la rencontre tenue avec M. Aïdouni, secrétaire général du syndicat des artistes algériens, les membres de la section syndicale du ballet national ont tenu à dénoncer les piètres conditions professionnelles et socio-économiques dans lesquelles ils exercent leur métier. «Depuis 26 ans que je suis au ballet national, mon salaire n'a pas franchi le cap des 15.000 dinars, toutes charges comprises. Ceux qui ont été recrutés, il y a de cela deux ans, touchent un salaire inférieur au nôtre de deux mille dinars. Cela sans parler de nos conditions déplorables de travail», a déploré une artiste préférant se prononcer sous le sceau de l'anonymat pour éviter le licenciement. La chose paraît bizarre, mais elle le devient d'autant plus lorsqu'on apprend que des collègues à elle ont été abusivement licenciés, d'autres ont vu leur salaire faire l'objet de ponction. «Après dix ans de formation à l'Institut national des arts dramatiques et chorégraphiques, on se retrouve avec un salaire de base de 9500 DA. C'est une insulte. Pourtant, notre travail exige des efforts à la fois physiques et mentaux», a insisté le secrétaire général de la section syndicale du ballet national, M.Djamel Eddine Mehaouchi. Par ailleurs, le secrétaire général du syndicat des artistes algériens, M.Aïdouni, a, de son côté, indiqué: «Nous devons décrocher le statut particulier de l'artiste. C'est sur cette base que nous réussirons à défendre les droits de ces parents pauvres de la société». En attendant, on prend son mal en patience car nul n'est prophète dans son pays. Mais il faut se dire que le temps des prophètes est révolu.