«L'embellie financière que connaît actuellement notre pays n'est pas éternelle». Les chefs d'entreprise campent toujours sur leurs positions et pensent que l'environnement économique n'est guère favorable pour procéder à une augmentation générale des salaires. Intervenant hier à l'émission «Tahaoulat», diffusée sur les ondes de la Chaîne I, les représentants des différentes organisations patronales, à savoir la CAP, la Cnpa et la Cgea, se sont opposés à une augmentation des salaires. «Nous sommes pour l'augmentation du pouvoir d'achat à condition qu'elle soit tirée par une productivité économique», s'accordent à dire les patrons algériens. Les chefs d'entreprise affirment que la situation des entreprises publiques nationales est très fragile, pour ne pas dire catastrophique. Preuve que beaucoup d'entreprises ont mis la clé sous le paillasson ces derniers temps. Ces sociétés «ne peuvent pas supporter une augmentation des salaires», déclare Habib Yousfi, représentant de la Cgea. Lui emboîtant le pas, le président de la Cnpa, Aït Abdelaziz, précise que la majorité des entreprises du secteur public est déficitaire. M.Yousfi impute l'échec des entreprises aux institutions bancaires qui ne jouent pas le jeu. «Comment voulez- vous qu'il y ait un développement économique en l'absence d'un marché financier?» s'est-il interrogé. Donc, si les entreprises ne fonctionnent pas, explique-t-il, c'est tout simplement parce que les banques ne sont pas disponibles. Irrité par le dysfonctionnement du système financier, le président de la Cnpa est allé jusqu'à dire: «Les banques dressent des embuscades aux entreprises». Certes, des réformes ont été opérées dans ce secteur, affirme-t-il, mais il n'y a pas eu de changement sur le terrain. Le président de la Cap, Boualem Merrakech, soutient de son côté, l'idée que l'augmentation des salaires reste tributaire de la productivité de l'appareil économique. «C'est une équation qu'on ne peut pas ignorer», souligne-t-il, en affirmant que l'embellie financière que connaît actuellement notre pays n'est pas éternelle. Il a également fait savoir qu'une étude portant sur la valorisation des salaires selon les qualifications est en voie de finalisation. Pour les chefs d'entreprise, la priorité revient d'abord à la mise à niveau des entreprises et l'amélioration de l'environnement économique pour relancer la machine. C'est le constat qui a été présenté au chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, lors de la rencontre tenue la semaine passée. Revenant sur cette rencontre, les chefs d'entreprise affirment avoir établi un état des lieux du secteur économique. Le constat présenté par le patronat n'encourage en aucun cas le gouvernement à aller vers une augmentation des salaires. Devant la situation fragile des entreprises et face à la revendication pressante des travailleurs, ce dernier se retrouve dans l'embarras. Ce qui explique, bien entendu, le retard de la tenue de la tripartite, dont la date n'a pas encore été fixée. Interrogé sur cette question, les représentants se sont contentés de dire qu'elle aura lieu prochainement sans pour autant avancer une date précise. Concernant la signature du pacte économique et social, les chefs d'entreprise pensent qu'il est temps de procéder à sa conclusion. Afin de poursuivre les consultations et d'échanger les points de vue entre les trois partenaires, une rencontre aura lieu ce mercredi. Selon Merrakech, il sera question de relancer le débat sur les conventions collectives.