L'investissement étranger en Algérie, le foncier industriel, l'augmentation des salaires, la privatisation et la conjoncture économique nationale ont été les principaux thèmes abordés, hier, par Omar Ramdane, président du Forum des chefs d'entreprise lors de l'émission “questions de l'heure” de la Radio nationale Chaîne III. Le président du FCE a déclaré : “le Forum des chefs d'entreprise est favorable à une augmentation conséquente de salaires en agissant notamment sur le salaire minimum absolu, la réduction de la taxe à la consommation et de la quote-part des salariés dans les cotisations de la Sécurité sociale.” Autrement dit, il s'agit d'augmenter le pouvoir d'achat du salarié algérien, a-t-il indiqué. Il a expliqué que “ce n'est pas au gouvernement de décider de la hausse des salaires, puisque ce processus reste du ressort des conventions de branche négociées entre le syndicat et les chefs d'entreprise publique et privée”, en soutenant qu'“il faut concilier entre l'impératif économique et la situation sociale dans l'examen de la question des salaires”. Pour Omar Ramdane, “le gouvernement devrait réduire davantage les charges des entreprises créatrices de richesse et d'emploi”, en précisant que “le Produit national brut par habitant est passé de 1 500 dollars en 1995 à 3 100 dollars en 2005, alors que le Produit intérieur brut est passé de 42 milliards de DA en 1995 à 101 milliards de DA en 2005”. L'invité de la radio nationale Chaîne III a souligné que “la richesse n'est pas bien répartie en Algérie”. Le salaire national minimum garanti (SNMG) est fixé, a-t-il ajouté, à 112 dollars en Algérie contre respectivement 140 et 172 en Tunisie et au Maroc. Le premier responsable du FCE a estimé que “l'aisance financière actuelle va perdurer car les prix du pétrole demeurent élevés, mais il est temps de construire une économie qui dépendra de moins en moins de la rente pétrolière”. Il a cité l'exemple des Emirats arabes unis dont 70% du PIB sont générés par le secteur privé. L'Algérie n'a pas, selon lui, un problème de ressources financières mais de ressources humaines qualifiées qui font défaut. Le patron a dénoncé, par ailleurs, le secteur informel, représentant 40 à 50% de l'activité économique qui échappe au contrôle du fisc. Concernant la privatisation, il a relevé que “70% des opérations réalisées jusque-là ont été faites au profit des investisseurs privés nationaux”. Ces opérations pourront se multiplier, a-t-il argumenté, encore s'il y avait beaucoup de souplesse dans les procédures de paiement des entreprises privatisables. Il a reconnu, également, qu'“il y a certaines résistances de la part des collectifs de salariés qui ne veulent pas se séparer de leurs unités”, en affirmant qu' “il n' y a pas eu de licenciements de travailleurs, au contraire, on a enregistré la création de nouveaux postes d'emploi avec le maintien des postes de travail existants”. Le patron de FCE a expliqué qu' “il n'y a pas de problème de foncier industriel en Algérie”, en rejetant l'option de la vente d'assiettes foncières à travers les enchères publiques qui “n'est pas la bonne solution”. Le Forum des chefs d'entreprise a proposé, dira-t-il, l'implantation des zones industrielles tout au long de l'autoroute Est-Ouest en confiant la gestion de ces entités aux chambres de commerce et d'industrie. Omar Ramdane a signalé que “le code de l'investissement promulgué en 2001 est moins avantageux que celui de 1993”. Interrogé sur la dernière visite du Medef à Alger, il a répondu : “je ne pense pas que cette visite soit un échec, car les opérateurs français sont repartis avec une image plus réconfortante sur l'Algérie.” Les investisseurs français sont conscients, a-t-il avoué, que leurs parts de marché ont diminué au profit des entreprises chinoises. Ces opérateurs écoutent mieux les patrons algériens pour avoir une idée sur le climat d'investissement. Le marché algérien est le plus ouvert dans la région du Maghreb, mais il a suscité moins d'engagement de la part des opérateurs étrangers, a-t-il argué. Le président du FCE a estimé qu'“il y a des prémices qui laissent apparaître que les patrons français vont aller vers plus d'investissements en Algérie”. Le stock d'investissements français en Algérie est évalué à 200 millions d'euros alors que le volume de vente de marchandises vers l'Algérie dépasse 1 milliard d'euros au premier trimestre 2006. Les investisseurs arabes portent, a-t-il révélé, un intérêt considérable au marché algérien car la réussite du groupe égyptien Orascom Télécom dans la téléphonie mobile les stimule à s'engager en Algérie. Le forum des chefs d'entreprise prévoit une tournée dans certains pays arabes dont l'Arabie saoudite, l'Egypte et les Emirats arabes unis pour amener certaines grandes entreprises à participer au forum des chefs d'entreprise arabes qui se tiendra en novembre prochain à Alger. Les opérateurs arabes sont intéressés essentiellement par les secteurs du tourisme, l'agriculture, le transport, la santé, les assurances et les banques. Faïçal Medjahed