L'Iran a annoncé samedi la mise en service de nouvelles cascades de centrifugeuses modernisées permettant d'enrichir plus rapidement l'uranium et dont l'utilisation lui est interdite aux termes de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015. Le président Hassan Rohani a inauguré officiellement une ligne de 164 centrifugeuses dites IR-6 et une autre de 30 IR-5, installées dans le complexe nucléaire de Natanz (centre de l'Iran), à l'occasion d'une cérémonie en visioconférence retransmise par la télévision d'Etat. La télévision d'Etat n'a pas diffusé d'images de ces cascades, mais des ingénieurs en blouse blanche intervenant en duplex ont indiqué, après en avoir reçu l'ordre de M. Rohani, que celles-ci avaient commencé à être alimentées en uranium gazeux. Ces annonces interviennent alors que des discussions ont lieu à Vienne entre la République islamique et les autres Etats parties à l'accord de 2015 (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) sur la façon de réintégrer les Etats-Unis au sein de ce pacte conclu dans la capitale autrichienne. Cet accord est moribond depuis que les Etats-Unis en sont sortis unilatéralement en 2018, rétablissant une avalanche de sanctions économiques et financières contre l'Iran. En riposte, Téhéran a commencé à s'affranchir de ses engagements à partir de mai 2019, et le rythme s'est accéléré ces derniers mois. Les centrifugeuses IR-5 et IR-6 permettent d'enrichir de l'uranium plus vite et en quantité plus abondante que les centrifugeuses «de première génération» IR-1, les seules que l'accord de Vienne autorise l'Iran à utiliser. M. Rohani a répété à l'occasion de cette cérémonie organisée pour la «Journée nationale de la technologie nucléaire» que le programme nucléaire de son pays était purement «pacifique». Par ailleurs, les Etats-Unis ont fait des propositions «très sérieuses» à l'Iran pour relancer l'accord sur le nucléaire iranien, lors de discussions à Vienne, et s'attendent à ce que Téhéran fasse preuve du même «sérieux», a indiqué vendredi un responsable américain. Les négociateurs américains «ont avancé une idée très sérieuse et montré une réelle intention de recommencer à respecter (l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien) si l'Iran s'y conforme à nouveau», a affirmé ce responsable à des journalistes, alors que les échanges s'interrompaient pour le week-end. Mais le responsable a indiqué que les Etats-Unis s'attendaient à une «réciprocité» de l'Iran quant à leurs efforts. «Nous avons vu certains signes (de réciprocité) mais certainement pas assez. La question est de savoir si l'Iran a la volonté de (...) choisir la même approche pragmatique que celle des Etats-Unis pour se conformer de nouveau à ses obligations prévues par l'accord», a-t-il dit. Le président Joe Biden soutient un retour à l'accord de 2015 remis en cause par son prédécesseur Donald Trump, dont la décision de rétablir les sanctions américaines contre Téhéran avaient poussé la République islamique à graduellement s'affranchir des limites fixées à son programme nucléaire par le traité. L'Iran exige que les Etats-Unis fassent le premier pas en levant ces sanctions.