Au-delà de la question de l'investissement arabe en Algérie, le président Bouteflika n'a pas manqué d'évoquer la situation interne du pays sur le plan politique et sécuritaire. Dans le cadre de sa prochaine visite de deux jours à Doha, qu'il effectuera à partir du 22 avril prochain, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a accordé une interview au journal qatari Al-Arab où il sera amené à faire le tour des questions de l'heure, dans un contexte international, maghrébin, arabe et méditerranéen et dans un contexte national, abordant ainsi la perspective de la révision constitutionnelle, la prochaine élection présidentielle, la situation sécuritaire, la situation socioéconomique et les perspectives de développement du pays. À la question de savoir s'il a l'intention de réviser la Constitution actuelle du pays, le président de la République, sans écarter cette option, ne dévoilera point ses intentions sur cette question. L'actuelle Constitution a été adoptée en 1989, elle a été révisée en 1996, dira-t-il, pour souligner que toute constitution est appelée à être améliorée dans ses dispositions et ses objectifs à la lumière de ce qui peut constituer une difficulté, dans la marche de l'Etat, et ce qui peut se révéler nécessaire pour la clarification des rapports entre les institutions et l'Etat. “Toute Constitution est perfectible” “La Constitution en vigueur a été adoptée en 1989. Elle a été amendée en 1996. Toute constitution est perfectible aux plans des objectifs et des dispositions à la lumière des difficultés qui s'en seraient résultées dans la gestion de l'Etat et des besoins nouveaux pour une meilleure visibilité de la relation entre les institutions de l'Etat et entre ce dernier et la société, dans le sens de l'édification du système qui permet de réaliser un renouveau national, conformément aux aspirations du peuple à une véritable démocratie, à la modernité et à la prospérité”, a affirmé le président Bouteflika. Abordant la prochaine élection présidentielle, Abdelaziz Bouteflika affirmera qu'elle se déroulera à la date qui a été prévue constitutionnellement. Non sans préciser que tout sera entrepris pour la réussite de cette élection présidentielle et surtout permettre au citoyen algérien d'exercer son droit dans le choix de son président, avec conviction, en toute souveraineté et en toute liberté. Pour le président de la République, “le terrorisme disparaîtra tôt ou tard en Algérie”. Il dira que le nombre d'attentats a été considérablement réduit, pour ajouter que la lutte menée par les services de sécurité contre le terrorisme se poursuivra dans le cadre de la loi et avec l'aide efficace de la population. En ce sens, Bouteflika insistera pour dire qu'il ne faut pas lier ce terrorisme à la situation sur le front social algérien. Cette situation, précisera-t-il, ne diffère pas, de celles qui existent dans de nombreux pays méditerranéens ou voisins. Optimiste, le Président insistera pour dire que les projets d'investissement en cours en Algérie sont à même d'améliorer le quotidien du citoyen, ainsi que son pouvoir d'achat et la création de postes d'emploi pour les chômeurs. Reconciliation nationale : ouvrir la voie au développement Parlant de la réconciliation nationale, il dira que cette politique a pour vocation de mettre fin à la crise sociale et ouvrir la voie à la poursuite du développement économique et social du pays. La politique de la réconciliation nationale, adoptée par l'Etat avec sincérité, a contribué pour une large part à éteindre le feu de la fitna au sein d'un même peuple. Elle a permis, ajoutera-t-il, le retour d'un grand nombre de jeunes ayant été abusés, ceux qui sont en prison ou en fuite, parmi les leurs et leur réinsertion sociale. Toujours dans la même veine, le chef de l'Etat dira que cette politique a permis aussi aux familles des victimes du terrorisme à vaincre les séquelles de la tragédie. Sur ce point précis, il tiendra à souligner qu'il entend par victimes, les morts, les disparus et les invalides. Enfin, il affirmera que la politique de réconciliation nationale a permis d'enlever toute couverture politique aux groupes terroristes qui ont versé dans la criminalité, le banditisme et qui cherchent, à travers les attentats, les effets médiatiques. Bouteflika soulignera l'isolement de ces bandes nuisibles et leur rejet par tout le peuple algérien. Abordant la situation des relations entre les pays du Maghreb, Bouteflika abondera dans le sens de la nécessité d'affermir et de développer ces relations. Il parlera ainsi des relations de l'Algérie avec la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, en citant leur densité, pour venir enfin vers les relations algéro-marocaines et dire que ces relations sont l'otage de blocages. “Et nous n'avons pas la possibilité de faire bouger les choses d'un seul côté”, devait dire le président de la République pour signifier ensuite que l'Algérie a montré une sincère disposition à développer ses relations avec le Maroc en laissant de côté la question de l'autodétermination des peuples de la région. Et de conclure ce chapitre en disant que “nous n'avons pas réussi à atteindre cet objectif”. Algérie-France : des facteurs complexes influent sur la relation Sur le chapitre des relations de l'Algérie avec la France, Bouteflika dira que les échanges de visites présidentielles entre l'Algérie et la France entre 2000 et 2003 ont permis de réinstaurer le dialogue politique et la coopération bilatérale ; la redynamisation des relations algéro-françaises, ajoutera-t-il, a été concrétisée officiellement le 2 mars 2003 par un engagement des deux pays dans une coopération exemplaire. Cet engagement, devait-il préciser, sera confirmé par l'échange de correspondances avec le président Nicolas Sarkozy en date du 28 et du 30 mai 2007. Le président de la République ne manquera pas de souligner certains facteurs complexes qui influent sur les relations algéro-françaises. Il citera en ce sens l'histoire et la géographie pour dire qu'ils sont importants et qu'ils persisteront dans tous les cas de figure. Dans le cadre méditerranéen, le président de la République sera amené à parler du projet initié par le président français Nicolas Sarkozy, celui de l'union pour la Méditerranée en disant que l'Algérie est en train d'étudier avec grand intérêt, sous toutes ses parties, ce projet et ce que propose Sarkozy comme contenu à ce projet. Parlant des investissements arabes en Algérie, et plus particulièrement du Qatar, le chef de l'Etat estimera qu'ils sont faibles et qu'ils ne répondent pas aux attentes des Algériens. Il expliquera en ce sens que l'Algérie a tout mis en œuvre pour faciliter la venue des investisseurs arabes et relever les opportunités dans de nombreux secteurs où ces investisseurs peuvent réaliser des projets d'avenir. Zahir Benmostepha