A partir de Constantine, le président a dénoncé le passé colonial français. Le président M.Abdelaziz Bouteflika se rendra le 8 mai à Guelma, à l'occasion du 61e anniversaire des évènements du 8 mai 1945, a appris L'Expression, de sources bien informées. La visite s'inscrit dans le cadre des festivités officielles commémorant les massacres et une boucherie que l'Histoire n'a jamais assez condamnés. Et que les auteurs n'ont jamais vraiment reconnus. Un crime qui est resté impuni. A l'occasion, le président prononcera un discours très attendu aussi bien en Algérie qu'en France. Sans nul doute, M.Bouteflika évoquera la résistance du peuple algérien et les massacres commis par l'armée française. La question étant de savoir quel ton prendra le discours du président. Il faut savoir que la dernière sortie sur le terrain du chef de l'Etat remonte au 16 avril, et à partir de Constantine, il n'a pas hésité en des termes très directs, à critiquer le passé colonial de la France en Algérie. Evoquant justement les évènements du 8 mais 45, il a affirmé qu'«à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les trois principales composantes du mouvement national algérien, impulsent une formidable mobilisation populaire dans le cadre des Amis du Manifeste et de la Liberté pour réclamer l'instauration d'une République algérienne. Nous savons tous comment l'Etat colonial français noiera dans le sang ce printemps patriotique et démocratique de la nation algérienne en mai 1945, date à laquelle la France s'est affranchie de l'occupation nazie et a trahi ceux qui ont contribué à sa libération». Une déclaration qui a ravivé la polémique en France, surtout dans le camp des protagonistes de la loi glorifiant le passé colonial. La campagne politico-médiatique s'est accentuée à la suite du voyage du président en France pour un contrôle médical. Depuis, la tension est à la baisse. Le ministre des Affaires étrangères M.Philippe Douste- Blazy a tenté de rectifier le tir dans la lettre qu'il a envoyée au président de la République. «Nous avons pris toute la mesure des attentes présidentielles et en particulier celles concernant le projet de traité d'amitié», a-t-il affirmé. Le ministre assure de l'attention personnelle qu'il entend porter aux questions soulevées par Bouteflika notamment celles qui concernent la circulation des personnes. Il précise avant tout que «la France est désireuse d'accompagner l'Algérie dans ses projets d'investissement, de développement et de réforme». Du côté de l'Algérie, M.Bouteflika a déclaré ce week-end à la revue Arabies que «la France, c'est un pays ami avec lequel notre coopération est également en train de se consolider». Entre l'Algérie et la France il y a une volonté politique de consolider les relations bilatérales. Cependant, l'Algérie exige une repentance que la France ne semble pas prête à admettre pour plusieurs raisons. La situation est complexe sachant que le débat intervient pour la France au coeur d'une précampagne électorale pour la succession du président Chirac. Sur le plan de la coopération économique les choses semblent évoluer autrement. La présence à Alger d'une importante délégation de chefs d'entreprise français , en témoigne. Par ailleurs, il est à signaler qu'outre le volet historique, le président de la République ne manquera pas d'évoquer la situation politique dans le pays, marquée essentiellement par l'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il saisira cette occasion pour donner un premier bilan sur cette démarche qu'il a lui-même initiée.