Après des années d'effacement, il faudra, désormais, compter avec le retour de l'Algérie dans les affaires régionales. Un message réitéré à maintes reprises. La dernière en date est la déclaration du président de la République Abdelmadjid Tebboune, à des responsables de médias nationaux. «Nous sommes une puissance régionale reconnue et des partenaires dans la résolution des crises, en Libye et au Mali et ailleurs», a affirmé, en mars dernier, le chef de l'Etat. Un rappel, loin d'être anodin. Il reflète la volonté d'Alger de redonner de la voix dans le concert régional, notamment au Sahel. Une région dont l'importance pour l'Algérie, sur le plan économique, commercial, humain et identitaire, ne date pas de l'émergence ultramédiatisée de la menace terroriste et encore moins des bouleversements politiques récents. À l'heure des menaces asymétriques et des bouleversements régionaux transnationaux, l'Algérie est interpellée par son environnement immédiat, à telle enseigne que le président nigérien, Mohamed Bazoum, a mis à profit sa visite à Alger pour réitérer sa demande à l'Algérie de s'engager davantage dans la région du Sahel, notamment dans la lutte militaire contre le terrorisme. Une demande fondée, du fait que la nouvelle configuration des forces françaises au Sahel fait du Niger un pays central de la lutte contre le terrorisme. «Nous avons fait un point de notre coopération et nous avons, le président Tebboune et moi, dégagé les points d'intérêt sur lesquels nous avons eu un échange très fructueux, que ce soit dans le domaine des questions à caractères économique et social, que ce soit dans le domaine de la sécurité» révélait le président nigérien Mohamed Bazoum, au terme de la visite de travail qu'il a effectuée du 12 au 14 juillet 2021, en Algérie, sur invitation de Abdelmadjid Tebboune, d'autant que, sur le plan stratégique, l'opération Barkhane, qui avait bizuté le Cemoc (Comité d'état-major opérationnel conjoint), mis en place à l'initiative de l'Algérie et regroupant les quatre pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger), est un échec total, estime, dans une déclaration au site sputniknews.com, le docteur Mohamed Salah Djemal, analyste en sécurité internationale spécialiste de l'Afrique et chercheur non-résident au Centre européen des études de contreterrorisme (Ecci). Aussi, la réussite du processus de règlement politique en Libye pourrait avoir des conséquences dangereuses sur la sécurité au Sahel, notamment sur celle du Niger qui pourrait devenir le maillon faible de la région. Or, une déstabilisation du Niger et du Tchad, ainsi que du Mali, aura inévitablement des conséquences dramatiques sur toute la région. Une situation aux conséquences certaines sur l'Algérie, qui mise sur cette région pour développer ses échanges commerciaux dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine. Une stratégie tributaire de la sécurisation de la Transsaharienne et du Trans-Saharan Gas Pipeline (Tsgp) devant relier le Nigeria à l'Europe, en passant par l'Algérie et le Niger. Aussi, le retour de Ramtane Lamamra à la tête de la diplomatie algérienne présage une reprise en main par l'Algérie de la question sécuritaire au Sahel. « Avec le retour de Ramtane Lamamra aux Affaires étrangères, fort d'une longue expérience et d'une connaissance fine des problèmes libyens et sahéliens et qui connaît bien les questions africaines, il y a une chance d'ouverture sur les questions de sécurité au Sahel», souligne, à ce propos, Ahmedou Ould Abdallah, président du Centre 4S, à Nouakchott et ancien responsable de l'Afrique de l'Ouest pour les Nations unies.