C'était l'alerte rouge, hier, à l'EPH de Sidi Aïch. Sur les réseaux sociaux, les appels au secours ne manquaient pas. L'hôpital perd ses malades un par un, faute d'oxygène. « Le camion-citerne qui devrait livrer l'hôpital n'est toujours pas arrivé», se plaint un employé de l'EPH joint, hier, par téléphone. Le dernier décès a été enregistré, hier matin. C'était l'écrivain, l'intellectuel Mouloud Oubekka, parti à l'âge de 66 ans. Bien que les patrons de la vallée soient venus en aide aux structures hospitalières, le manque d'oxygène est toujours persistant. L'installation des centrales prendra encore du temps. 1000 concentrateurs d'oxygène de 10 litres sont promis pour les hôpitaux de la wilaya dès dimanche prochain. Mais d'ici là, l'hécatombe se poursuit inexorablement dans la majorité des EPH de Béjaïa. Exception faite de l'EPH d'Akbou dont la centrale à oxygène est déjà opérationnelle mais tout juste pour l'hôpital d'Akbou. Les autres hôpitaux de la wilaya de Béjaïa seront dotés de 1 000 concentrateurs d'oxygène de 10 litres dès demain. Cette importante acquisition est l'oeuvre de l'association des opérateurs économiques d'Akbou. «L'acheminement de ce lot se fera à partir de la Chine vers Alger, avant sa distribution aux hôpitaux de la wilaya», a déclaré Salim Amar président de l'association des opérateurs économiques d'Akbou, précisant que «cette acquisition n'est pas facile dans la conjoncture actuelle marquée par une forte demande à l'échelle mondiale». La laiterie Soummam est, quant à elle, prête à financer l'acquisition de 10 générateurs d'oxygène pour des hôpitaux sur le territoire national. Pourquoi en est-on arrivé là? Les médecins avaient pourtant alerté dès la première vague sur le risque d'une pénurie d'oxygène. N'ont-ils pas été pris au sérieux? Mais la réalité vient de rattraper tout le monde. En l'absence d'anticipation pour se préparer à affronter la terrible recrudescence des cas de contamination au Covid-19. Au moment même où tous les voyants étaient au rouge, les hôpitaux sont encore dépourvus de générateurs d'oxygène. Et avec les lenteurs dans les procédures pour doter les hôpitaux de concentrateurs d'oxygène, la pénurie s'est vite installée plongeant le pays dans une nouvelle tragédie et une véritable hécatombe en pertes de vies humaines. Des morts dans presque toutes les communes. À Béjaïa, on ne meurt pas du Covid dans les hôpitaux seulement. Des vies sont fauchées avant même d'arriver dans un hôpital avec l'espoir de trouver un lit. «Il aurait fallu anticiper», écrit le docteur Amar Mezdad sur sa page facebook, regrettant que «cela n'a pas été fait». Pour juguler l'hécatombe, «le gouvernement doit réquisitionner immédiatement tous les moyens d'oxygénothérapie disponibles sur le territoire national et les mettre à la disposition du malade, par les moyens les plus rapides. Il ne doit pas hésiter à utiliser les moyens de l'ANP», préconise encore ce médecin. En attendant, la situation demeure critique et l'oxygène tant désiré se fait rare. À l'EPH de Sidi Aïch et au CHU de Sidi Aïch et au niveau de toutes les structures, on s'inquiète sérieusement. Et on prie pour que l'oxygène arrive.