Le président de la République vient d'inviter les investisseurs privés à investir dans le domaine de la finance islamique, notamment dans le secteur bancaire, dans ces deux formules. Cette nouvelle offre du président dénote la volonté des hautes autorités du pays, d'avancer dans ce dossier porteur de valeur ajoutée et de perspectives positives, notamment dans le volet des ressources multiples à concrétiser, pour l'économie nationale. Selon l'expert et économiste, Abderrahmane Hadef, «la déclaration du chef de l'Etat au sujet des banques islamiques, entré dans le cadre du nouveau programme, dont le Premier ministre Benabderrahmane s'attelle à travailler, notamment pour ce qui est de certaines réformes du système financier et bancaire». Pour cet expert, «le secteur des finances a besoin d'une profonde réforme... mais, il y a des prérequis à remplir et à honorer». Abordant «l'absence du cadre législatif, a priori...», Hadef pense que «l'engouement attendu n'a pas été au rendez-vous en ce qui concerne la finance islamique... et qu'à ce titre, les banques doivent s'organiser, en termes de commissions des fetwas, qui représentent des solutions intermédiaires intimement liées à la rédaction des contrats, etc.». Il estimera que les produits actuels proposés, dans le cadre de la finance islamique, ne sont pas attractifs. «Les banques se doivent de proposer d'autres produits plus pratiques et aptes à être adoptés par la clientèle», dira-t-il. Il déplore également «ce manque de formation constaté chez la ressource humaine, qui n'est pas encore qualifiée pour ce genre de programmes et de produits proposés», avant d'ajouter: «J'avais proposé des partenariats et des échanges avec des pays qui ont introduit, bien avant, la finance islamique dans leurs systèmes financier et bancaire, comme la Malaisie et la Grande-Bretagne, qui sont en avant-garde dans ce domaine, depuis des années déjà. Cela pour bénéficier de leur expérience, des volets de formation à dénicher, de la gestion des produits, des relations avec la clientèle et des ressources humaines, etc.». Selon notre expert, «cela va prendre encore du temps, car nous avons opté pour des produits à proposer, qui ne connaissent pas d'engouement du grand public, pour le moment». S'agissant des garanties à réunir pour intéresser les investissements nationaux et étrangers, a priori, il estimera que «ce dossier a fait couler beaucoup d'encre et n'a pas été traité de façon pragmatique et réaliste. Ce n'est pas un dossier lié à l'environnement des affaires». Saluant la décision du président dans ce contexte, il estimera que «la pérennisation des lois encadrant le cadre juridique de l'investissement, ne doit pas aller au-delà de 5 années... Connaissant l'évolution de l'économie mondiale et les mutations perpétuelles, 5 années c'est largement suffisant pour garantir la stabilité des lois». Néanmoins, selon lui, «avant de procéder à de telles mesures, il y a lieu d'obtenir un consensus sur un certain nombre de mesures. Nous n'avons pas besoin d'un Code de l'investissement, qui peut être perçu comme une contrainte et un blocage de l'acte d'investir. Il n'y a qu'à voir les pratiques modernes dans le monde... Le Code du commerce régit ce secteur et peut, à lui seul, régir ce domaine». Poursuivant dans ce sens, Hadef pense que «le personnel chargé de veiller à la bonne conduite des affaires économiques, à différents échelons, notamment au plan local, doit subir des recyclages et des mises à niveau rigoureuses». Ainsi, la gestion de la ressource humaine se retrouve au centre des préoccupations et des critiques judicieuses. Hadef avoue «constater sur le terrain un manque d'engagement, de ceux chargés de l'accompagnement. Ils ne sont pas assez soucieux et regardants. On a beau avoir une batterie de mesures, des déclarations et des engagements du président de la République, le management intermédiaire local est en déphasage avec la réalité des investissements et de l'économie». À ce propos, il préconise de «créer de nouveaux mécanismes, notamment des guichets uniques et une décentralisation accrue et effective...». Hadef plaidera la mise en place de «Conseils locaux de l'économie, où toutes les parties seront présentes ou représentées». Pour lui, «l'Algérie doit réussir ce virage historique... à travers le recours aux investissements directs étrangers IDE et que le volume des exportations est intimement lié à la capacité des IDE d'adhérer à ces opérations».