La dernière directive du ministère de l'Education nationale, consistant à reléguer l'enseignement de la langue amazighe au rang des matières non essentielles, a fait réagir les inspecteurs, qui se sont réunis, avant-hier, au siège de la ligue des droits de l'homme, à Béjaïa. Depuis, la décision ministérielle n'a pas cessé de faire couler beaucoup d'encre et de susciter l'indignation de tous les professionnels de l'éducation, dont les inspecteurs, les enseignants, mais aussi les élèves et leurs parents. Au cours de cette réunion, les inspecteurs de la langue amazighe et les participants se sont longuement interrogés sur cette nouvelle circulaire, adressée aux directeurs des écoles, leur recommandant de programmer les séances de tamazight en dehors des emplois du temps officiels assignés aux groupes pédagogiques. De ce fait, les inspecteurs de la langue, ainsi que de nombreux militants, se sont rejoints pour exprimer leur mécontentement face à une directive qui va à l'encontre de la Constitution algérienne, qui a consacré le tamazight comme langue nationale et officielle. Partant, ils dénoncent le maintien de la loi sur l'orientation scolaire, qui n'a pas évolué parallèlement à la Constitution et maintient le caractère facultatif de son enseignement. «Provocation» pour certains, «mépris» pour d'autres, la décision du ministère de l'Education nationale soulève un tollé général, accentué par l'autre directive, à l'endroit des directeurs, les autorisant à programmer les cours de tamazight entre midi et 13 heures. Les inspecteurs Yacine Zidane, Yahia Bellil, Djamel Ikhloufi, refusent d'accepter que «tamazight soit la seule à être sacrifiée», invitant les directeurs «à ne pas tomber dans cette ´´erreur préméditée´´ qui met notre langue nationale et officielle, chèrement acquise, dans les matières ´´non importantes´´». Les inspecteurs, tout comme les enseignants et les parents d'élèves, étaient, hier encore, sous le coup d'une colère née des dernières circulaires du ministère de l'Education nationale et appellent, d'ores et déjà, à des actions pour contrer ce qui est considéré comme du «mépris». Par ces décisions, les inspecteurs entrevoient le «risque de générer des conflits au sein des écoles». Voilà un nouveau sujet qui fâche. Intervenant dans une conjoncture singulière, faite de feux de forêt avec des dégâts incommensurables, l'acte du ministère de l'Education nationale s'invite pour ouvrir un nouveau front et envenimer davantage, le climat, assez délétère dans la région de Kabylie. Bref, les militants, les inspecteurs, tout comme le Haut Commissariat à l'amazighité, ont, tour à tour, saisi le ministre de l'Education nationale, exigeant la révision de cette circulaire et de revenir sur cette décision dans les plus brefs délais.