Un arsenal juridique existe dans ce domaine, mais l'application des lois reste très limitée. Les Algériens n'ont pas tiré les leçons du séisme du 21 mai 2003. Les gens se sont remis à construire anarchiquement dans cette région sans respecter les normes. C'est le constat établi par l'ingénieur et consultant en aménagement urbain, M.Lakhdar Khaldoun qui était présent hier à une journée consacrée à la visite de différents sites du patrimoine national, entre autres la Casbah d'Alger. «Même avec l'existence des services de contrôle, les gens ne respectent toujours pas les règles de construction, notamment par rapport à la qualité des matériaux», nous a-t-il confié. L'absence d'une prise de conscience pourrait engendrer les mêmes conséquences de la catastrophe de 2003, avec son lot de milliers de victimes. Pour sa part, M.Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes (Cnea), organisateur de cette manifestation, considère que tout un arsenal juridique existe dans le domaine de la construction, mais l'application des lois reste très limitée. Il a ainsi proposé plus de rigueur en matière de délivrance de permis d'ouverture de chantier, en s'assurant de sa conformité aux normes parasismiques. Notons que le Parlement a agréé dernièrement, par un vote à l'unanimité, la première loi d'orientation de la ville dans l'histoire du pays, une loi-cadre qui consacre l'avènement d'une nouvelle politique de gestion urbaine. M.Boudaoud a insisté sur le fait qu'il faut donner le pouvoir aux architectes et aux ingénieurs, les associer dans la prise de décision en matière d'urbanisme. «Les architectes ont le pouvoir technique mais pas celui de la décision. Il faut qu'il y ait un dialogue entre les responsables et les architectes. Et puis, il faut absolument impliquer le ´´maître d'usage´´, à savoir le citoyen», dira Abdelhamid Boudaoud. Pour lui, il est nécessaire aussi que nos APC apprennent à sous-traiter avec les architectes, avec les bureaux d'études, comme cela se fait en France ou en Italie. L'Etat dépense des milliards de dollars dans les constructions, mais la petite administration des APC et autres OPGI évite, selon lui, de sous-traiter avec les bureaux d'études pour le suivi et le contrôle des travaux. Concernant la manifestation d'hier, elle a pour principe, selon M.Boudaoud, d'inciter les citoyens à s'approprier pleinement leur ville, de favoriser notamment le développement d'une culture architecturale et urbaine. Interrogé sur le décret relatif au plan de préservation de la Casbah, adopté récemment par l'Assemblée populaire de la wilaya d'Alger, M.Boudaoud répondra que le plus important reste l'application des lois et leur suivi sur le terrain.