La charte pour la paix et la réconciliation nationale interpellait principalement les groupes armés. Cent cinq repentis, la plupart faisant partie du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), ont choisi de déposer les armes et de se rendre aux autorités dans le cadre des mesures d'extinction des poursuites judiciaires mises en avant par la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Selon nos sources, la quasi-totalité de ces repentis sont issus des katibate du Gspc du centre (Tizi Ouzou) et de l'est du pays (Jijel, Skikda, Tebessa, etc.), et constituent des «cas individuels», non des décisions collectives, la direction du Gspc ayant choisi depuis longtemps de tourner le dos à Abdelaziz Bouteflika. Lancée lors de son discours à la nation, qui avait réuni le 14 août 2005 les cadres des différents secteurs, la charte pour la paix et la réconciliation nationale, vaste projet politico-sécuritaire, interpellait principalement les groupes armés encore dans les maquis, et estimés, selon des sources fiables, à un millier de terroristes. Cependant, deux jours avant le référendum du 29 septembre, qui devait constituer un véritable plébiscite autant pour le projet de la réconciliation nationale que pour le président de la République, véritable concepteur et maître d'oeuvre de la paix en Algérie, depuis 1999, date de sa première élection, le Gspc, dans un communiqué mis sur son site Internet, refuse la paix et maintient son mot d'ordre de violence. Ce chiffre de cent cinq terroristes qui ont choisi la voie de la raison a été puisé auprès de différentes sources: l'Intérieur, la police et les Bmpj de Tizi Ouzou, Skikda, et Jijel. Il est d'autant plus vraisemblable qu'il y a un mois, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, avait avancé le chiffre de 90, sans faire de commentaire. Le commentaire peut être le suivant: mis à côté du millier de terroristes encore opérationnels dans les maquis du Centre, de l'Est, du Sud et plus ou moins ceux de l'Ouest (entre Khemis Miliana et l'extrême ouest à Aïn Sefra, plus au Sud), le chiffre de 105 repentis est dérisoire et ne représente que quelque 10% de l'ensemble des maquis. Pourtant, les mesures de la réconciliation ont de quoi séduire: extinction définitive des poursuites, réintégration dans les postes de travail, éventualité de dédommagement, etc. C'est-à-dire toute la panoplie juridique d'un retour «la tête haute». Cependant, la direction du Gspc reste fidèle à ses «trois non»: non à la trêve, non à la réconciliation, non au dialogue, credo largement en usage depuis une dizaine d'années dans les maquis islamistes et utilisé la première fois en 1994 par l'émir du GIA de l'époque, Abou Abdellah Ahmed, alias Cherif Gousmi, qui avait réussi à unifier sous son commandement toutes les factions armées, le 13 mai 1994. On peut, certes, affirmer que la trêve de 10% des maquis islamistes est un acquis considérable et qu'à l'approche de la date limite pour les redditions, il y a lieu de s'attendre à plus de repentis, notamment dans les maquis de l'Est, où la pression de l'armée est très forte sur les maquis encore actifs. Cette hypothèse est renforcée par la multiplication des rapts suivis de demandes de rançon, des impôts prélevés sur l'agriculture en milieu rural et les rackets opérés chez les commerçants et les gros entrepreneurs. Les services de sécurité en charge du dossier estiment qu'il peut s'agir là de la «grande collecte d'argent avant le pardon». Toute une histoire...