La rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat est définitivement consommée. La sentence prononcée, il y a une dizaine de jours, par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, est sans appel. Alger a rappelé, hier, son niet à tout retour à la «situation antérieure» par la voix d'une source diplomatique citée sous le sceau de l'anonymat par le site électronique Sputnik. Cette source a clairement affirmé que le retour à la situation antérieure entre les deux pays est «absolument exclu dans le présent et l'avenir». Une réponse tranchante qui rend mort-nées toutes les tentatives de médiation et les spéculations qui l'entourent. Elle tue également dans l'oeuf les pétitions lancées par une majorité de personnalités marocaines auxquelles se sont joints quelques Algériens, appelant «à contrer l'escalade». Si Alger rejette tout rapprochement avec Rabat, c'est parce que la décision souveraine qu'elle a prise le 24 août dernier, a été mûrement réfléchie. Son chef de la diplomatie avait longuement expliqué les raisons et présenté la longue liste des griefs qui justifient la démarche de rompre avec un voisin belliqueux qui persiste dans la violation des engagements essentiels structurant les relations entre les deux pays. L'hostilité et les attaques du Makhzen contre l'Algérie n'ont pas cessé depuis l'indépendance et ont repris de plus belle même après 12 ans de brouille. Cela confirme si besoin est, que le royaume, loin de s'inscrire dans une logique de repentance, demeure à l'afflût des occasions pour récidiver. Une certitude confirmée par la source diplomatique qui a laissé entendre que «les Algériens ne sont pas prêts à réitérer le scénario de juillet 1988 qui avait permis aux deux pays de rétablir leurs relations après 12 années de rupture de leurs relations diplomatiques». En fait, pas besoin de remonter jusqu'à 1988 pour voir la versatilité du Makhzen qui, après la grave dérive de son ambassadeur auprès des Nations unies, Omar Hilale, a présenté la fausse main tendue du roi non sans offrir, quelques jours après, au ministre israélien son territoire comme «franchise diplomatique» pour s'attaquer à l'Algérie. L'annonce par Alger de rompre ses relations, inattendue pour le royaume, et la fermeture des vannes du gazoduc Maghreb-Europe, ont poussé le Makhzen à actionner, à nouveau, son chef du gouvernement, El Othmani pour simuler une reculade avant de la faire suivre d'une nouvelle offensive de Hilale qui non seulement, ne s'est pas excusé de son soutien à une prétendue autodétermination de la Kabylie, mais en a remis une couche. Ce double jeu de souffler le froid et le chaud, Alger n'est pas dupe au point de ne pas le comprendre et sait pertinemment que le chef de la diplomatie du Maroc n'est autre que le roi. Raison qui amène la source diplomatique, citée par Sputnik, à répondre aux médias marocains qui multiplient les annonces de possibles médiations saoudienne, égyptienne et même mauritanienne «en réponse aux spéculations médiatiques et à d'autres élucubrations autour de l'idée de médiation entre l'Algérie et le Maroc (...) la décision algérienne de rompre avec le voisin belliqueux est totalement fondée, sage et appropriée, compte tenu de la grave et persistante violation par le Maroc des engagements (...) L'idée réductrice et superficielle de médiation ignore la gravité des responsabilités du Maroc dans la dégradation chronique des relations algéro-marocaines et occulte l'ampleur des dommages politiques et moraux causés par les faits et les méfaits cautionnés de différents cercles marocains».