En dépit du fait que ses listes présentées aux élection locales anticipées, prévues le 27 novembre prochain, sont passées à la moulinette, Abderrezak Makri ne met pas sa menace de retrait, agitée, récemment à exécution. À titre de rappel, le 17 octobre dernier, ce parti a dénoncé ce qu'il appelle «les véritables massacres» que subissent ses listes de candidatures aux élections locales. Pour ce parti, c'est «une tache noire sur le front de la démocratie, en Algérie». Le président du MSP a déclaré, à l'occasion de la rencontre des président de bureaux et des structures électorales de wilayas que «malgré les centaines de rejets arbitraires des dossiers de ses candidats et l'élagage électoral illégal qu'ont subi ses listes, le Mouvement pour la société et la paix ne se retirera pas de la course électorale». «Le choix de participer aux élections relève de la stratégie de résistance, contre la fraude, du parti», a-t-il indiqué. Au total, neuf listes APW(Assemblées populaires de wilayas) et 47 listes APC(Assemblées populaires communales) de l'ex-Hamas ont été rejetées. tandis que 461 candidats ont vu leurs dossiers de candidatures refusés par les délégations de wilayas de l'Anie (Autorité nationale indépendante des élections). «L'écrasante majorité de ces rejets, à la faveur des dispositions de l'article 184 de la loi organique portant régime électoral, est injustifiée et ne s'appuie sur aucun motif juridique», soutient-il. «L'on assiste à l'avènement d'une nouvelle génération de fraude. On est passé de la fraude par l'usage de la force en faveur des partis de l'allégeance(FLN et RND), comme durant les années 1990, à la fraude en amont actuellement, en passant par la fraude en aval utilisée par le biais du Conseil constitutionnel en 2012, lequel a attribué des sièges de députés obtenus par le MSP à Chlef et à Bordj Bou Arréridj, aux autres partis», a-t-il indiqué. Il est allé jusqu'à comparer ce qui se passe à la veille du scrutin pour les locales, à ce qui s'est passé en 1948 durant la période coloniale. «C'est l'histoire qui se répète, car lors des élections territoriales du deuxième collège d'avril 1948, l'administration coloniale a fraudé en faveur des indépendants, au détriment des listes présentées par les indépendants algériens, comme l'Udma et le PPA-Mtld», a-t-il soutenu. Il a dénoncé une «gestion sécuritaire des élections locales anticipées». «De quel droit a-t-on a confié le contrôle du processus électoral aux services de sécurité et depuis quand l'Etat est géré par des rapports des services de sécurité?», s'est-il demandé. Le président du MSP juge «honteux, arbitraire et sans aucune base légale», les motifs invoqués par l'Anie pour justifier les rejets des dossiers et des listes de candidatures de sa formation. «Non-inscription sur la liste électorale même si les individus concernés possèdent des cartes électorale et ont voté lors des échéances électorales précédentes», «connu pour son appartenance au milieu de l'affairisme et de l'argent sale», «influence sur les électeurs», «présente un danger pour la sécurité publique», sont, entre autres motifs avancés, qui se basent uniquement sur les rapports émanant des services de sécurité», a-t-il noté. Le motif de refus de candidatures le plus dangereux est lié à «l'appartenance du candidat à l'organisation terroriste», suite à ses activités politiques pacifiques et ses opinions en faveur du Hirak. Dans ce contexte, le rejet du dossier de candidature du vice-président du conseil de consultation du parti, également ancien député, a été justifié par «l'appartenance de ce dernier à une organisation terroriste». Cela fera dire à Makri: «Si nos candidats sont des terroristes, nous sommes tous terroristes!». «Certes, il existe quelques abus au niveau local, mais personne ne peut nier que la généralisation de ces pratiques, sur le territoire national, est une décision prise au niveau central», a-t-il accusé. Il a souligné que «les partis de la majorité présidentielle, touchés par le rejet des candidatures, seront repêchés par la fraude, l'objectif du pouvoir étant d'installer des Assemblées locales constituées d'élus issus des partis d'allégeance». Il considère que «le pouvoir ne croit pas encore au multipartisme». Par ailleurs, sur le plan économique, il accuse le gouvernement «de recourir à la planche à billets déguisée».