L'armée algérienne se trouve devant des choix stratégiques multiples qui vont l'engager pour l'avenir et pour longtemps. La corvette lance-missiles 353 El Kirch des forces navales algériennes prend part à partir d'aujourd'hui à un exercice multilatéral organisé par la 6e flotte américaine, dans la mer Méditerranée occidentale, exercice dans lequel on retrouve, outre le Kirch algérien, un bâtiment de la US Navy, ainsi que d'autres bâtiments de guerre relevant de la marine espagnole, de la marine turque ainsi que de la marine marocaine. L'exercice, baptisé «Phoenix Express-06», qui se déroulera du 29 mai au 14 juin dans le sud des Baléares, nord des côtes africaines, à l'ouest de Gibraltar, «s'inscrit dans le cadre des activités avec la 6e flotte approuvées par le haut commandement de l'Armée nationale populaire». Des exercices de formation, de recherche et sauvetage, d'assistance mutuelle et des exercices de communication seront également au programme des manoeuvres. L'équipe navale du Kirch bénéficiera en fait d'une très bonne expérience sur place, en prenant part aux exercices navals de bout en bout, alors qu'une équipe de boarding et un officier des forces navales embarqueront à bord du bâtiment américain USS Saipain. Le bâtiment des forces navales algériennes a rejoint la base navale de Mers -El- Kebir (Oran), le 26, avant de rallier le port de Cadix en Espagne, hier, en début de journée. Généralement, des manoeuvres de cette envergure tendent à optimiser les capacités des bâtiments intervenant en haute mer, et se distinguent par des exercices ciblant la communication navale, le contrôle maritime, la surveillance, le repérage, l'interception et la neutralisation des bâtiments suspects. Cependant, il y a lieu de noter que bien qu'une pareille initiative est menée actuellement en Méditerranée par les navires de l'Otan et dirigée par Washington sous le nom de code «Active Endeavour» (Participation active), il n'en demeure pas moins que l'objectif est celui de contrôler l'étroit passage du bassin méditerranéen, lequel conduit directement en Atlantique, d'où les craintes américaines. Il y a quelques jours, le porte-hélicoptères Jeanne-d'Arc et la frégate anti-sous-marins Georges-Leygues, tous deux relevant de la marine de guerre française avaient aussi accosté au port d'Alger pour les mêmes motifs. Opération «Sécurité en Méditerranée» semblait aussi être le nom de mission de la délégation militaire française. Cependant, la réunion la plus importante concernant la sécurité en Méditerranée a été celle des ministres de la Défense de l'Initiative du groupe «5+5» et qui s'était tenue à Alger en décembre 2005. Les «5+5» ont adopté un plan d'action constitué d'une douzaine d'activités axées sur les volets de la surveillance maritime et aérienne, la lutte antiacridienne et les mines antipersonnel. La «photo de famille» des dix pays, prise peu avant midi, mettait côte à côte des intérêts divergents, des soucis particuliers et des priorités qui ne sont pas partagées par tous. Si les pays du Sud essayent de faire un surplus d'efforts pour s'amarrer au développement et à la stabilité politique et sociale, le souci des Européens reste de contenir le flux migratoire et la menace terroriste (qui ne peut venir que du Sud). Les «turbulences migratoires» en France, les répressions contre l'immigration clandestine en Espagne et en Italie démontrent que le souci majeur des pays de l'Europe est, et reste, celui d'endiguer le «fléau migratoire», source de tous les maux. Le Maroc et l'Algérie repoussent par exemple, annuellement, quelque 18.000 candidats clandestins vers l'Europe, mais ne peuvent longtemps payer le prix et l'effort humain et financier de ce travail, alors que les soucis américains semblent encore plus importants et ne fixent ni plus ni moins que de mettre la Méditerranée sous la loupe de Washington.