La Haute Commission Nationale Electorale (HCEN) en Libye a annoncé lundi soir la clôture du dépôt de candidature pour l'élection présidentielle du 24 décembre, alors que ses différentes représentations à travers le pays ont enregistré, selon les médias locaux, plus de 90 dossiers dont ceux de deux femmes seulement. Hier, la HCEN a tenu en haleine les médias avant de donner le nombre définitif des candidats qui ont présenté leur dossier depuis l'ouverture de l'opération électorale, le 8 novembre dernier. Elle dispose de douze jours pour vérifier que les candidats ont bien fourni l'ensemble des documents nécessaires et indiqué, sur cette base, les noms de ceux dont la candidature est acceptée, tout en ouvrant la procédure des recours éventuels. D'ores et déjà, il apparaît que Seif al-Islam El Gueddhafi, porté par l'importante tribu des Gueddhadfa et par les milices de Zintan, le maréchal controversé Khalifa Haftar, maître de l'Est et d'une partie du Sud libyen grâce à ses propres milices et aux nombreux mercenaires qui composent son autoproclamée armée nationale libyenne, l'influent ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha qui représente les puissantes milices de Misrata à la pointe du combat contre Daesh expulsé de Syrte après des combats meurtriers, entre 2017-2019, et le Premier ministre du gouvernement intérimaire Abdelhamid Dbeibah, homme d'affaires qui compte, également, à Misrata. A ceux-là s'ajoutent les candidates Laïla Ben Khalifa, 46 ans, présidente-fondatrice du parti Le Mouvement national, et Hounaïda al-Mahdi, universitaire et chercheuse en sciences sociales. D'ores et déjà, les trois bureaux mis en place par la HCEN pour recevoir les dossiers de candidature à travers toute la Libye pour la présidentielle du 24 décembre prochain qui sera unique en son genre puisque jamais le pays n'a connu auparavant semblable scrutin au suffrage universel sont en branle-bas de combat à Tripoli (Ouest), Benghazi (Est) et Sebha (Sud). Dans ce contexte, un journaliste libyen a été kidnappé, lundi soir, par un groupe d' «inconnus», à Benghazi, indique, dans un communiqué, l'organisme en charge des médias publics. «L'Autorité générale de la presse déplore, dans les termes les plus forts, l'enlèvement, lundi, de Siraj Abdelhafid al-Mogassbi, un journaliste coopérant avec la branche de cette autorité, à Benghazi, par un groupe d'inconnus», affirme cet organisme qui précise qu' «une plainte a été déposée au commissariat de police d'al-Madina», assortie d'une démarche auprès du procureur de Benghazi. Abderrazag al-Dahech, président de l'Autorité en charge de la presse et des médias publics raconte, en outre, que les auteurs du rapt ont pénétré dans les locaux du journal libyen Al Hayat où travaille la victime et qui est abrité par l'Autorité, «menaçant et intimidant les employés et les journalistes». «Ils ont refusé de montrer une convocation officielle ou de fournir des pièces d'identité», puis ils ont entraîné Siraj Abdelhafid al-Mogassbi avec eux. L'Autorité générale de la presse a vigoureusement «dénoncé» cette agression contraire aux «lois et législations qui protègent la presse et les journalistes», et elle demande à «tous les services de sécurité d' agir rapidement pour faire la lumière sur le sort du collègue». Disparitions et assassinats ont lieu, depuis plusieurs années, à Benghazi sans que des enquêtes, pourtant exigées par les organisations internationales et régionales dont la Cour pénale internationale (CPI), ne soient menées ou n'aboutissent à un quelconque résultat. Le 10 novembre 2020, soit un an et demi après la disparition de la parlementaire libyenne Siham Sergewa, enlevée par un groupe armé après avoir critiqué le maréchal Khalifa Haftar, l'avocate et militante des droits de la femme, Hanane al Barassi, a été abattue dans son véhicule, en pleine rue, à Benghazi, pour les mêmes motifs. Toutes deux se battaient, depuis des années, pour que soient jugés les coupables de ces violences, leurs bourreaux n'ayant jamais été identifiés, à ce jour.