L'Etat compte ouvrir le marché de l'édition, de l'impression et de la conception du livre scolaire. Le feu vert a été donné hier par le ministre de l'Education. Le manuel scolaire a été, hier, au centre des débats que les partenaires de l'éducation ont animés au siège de l'Institut national de la recherche en éducation (Inre). Organisé sous le label de la nouvelle politique du livre scolaire, le séminaire auquel ont été conviés les ministères, les syndicats, les éditeurs et bien entendu l'Inre et l'Onps, représente d'importants enjeux surtout dans la conjoncture politique marquée par la suppression des notions de djihad dans le manuel de l'éducation islamique. Dans son allocution d'ouverture, le ministre de l'Education, Aboubakr Benbouzid a résumé la portée de cette rencontre dans «l'opération du soutien au livre scolaire et la politique de sa commercialisation». Cependant, c'est le deuxième axe qui a constitué, hier, l'essentiel des débats en coulisses. M.Benbouzid a révélé, lors d'une conférence de presse animée en marge du séminaire, que des appels d'offres internationaux vont être très prochainement lancés. Les futurs soumissionnaires se chargeront essentiellement de l'édition du manuel scolaire et parascolaire, mais également, à un degré moindre, du transport et de la commercialisation. Le marché du livre scolaire étant juteux, les maisons d'édition, et les imprimeurs internationaux seront indubitablement au rendez-vous. La filiale algérienne de Hachette éditions est d'ores et déjà sur le qui-vive. Le représentant du gouvernement a affirmé que les réformes du système éducatif n'auront de sens qu'une fois la politique du manuel scolaire façonnée et mise en oeuvre. En revanche, le bilan qu'a dressé le ministre est loin de répondre aux attentes de la famille de l'éducation. Ainsi, le livre scolaire n'a bénéficié d'aucune amélioration «ou modification» depuis l'application du fondamental, confie-t-il. L'enseignement technique, quant à lui, est dépourvu de manuels selon le ministre. En outre, souligne M.Benbouzid, le système adopté par le ministère en matière de conception du livre scolaire s'est avéré infructueux. Le monopole que détenait l'Etat sur le livre scolaire était donc la clé de voûte d'un bilan également négatif. La volonté politique de ne plus monopoliser ce créneau étant suffisamment signifiée, le département de Benbouzid a engagé les changements. Les chantiers qui seront ouverts vont de l'écriture du manuel à sa commercialisation en passant par l'impression. Même le régime appliqué par le ministère et qui consiste à détenir le monopole sur le contenu du manuel a été gelé. Du côté du département de l'Education on compte «ouvrir cette activité aux investisseurs selon un cahier des charges». Des commissions d'homologation ont été installées et sont opérationnelles. Le souci du ministère, d'après Benbouzid, est «d'avoir un produit en quantité et de qualité». Les deux organismes qui sont chargés de coordonner la production du livre et son édition sont l'Office national de la production du livre scolaire (Onps, qui détient le monopole) et l'Institut national de la recherche en éducation (Inre qui homologue les manuels). A signaler que 24 millions de livres scolaires sont imprimés chaque année en Algérie. L'Etat importe annuellement la valeur de trois milliards de centimes en matière de manuels scolaire et parascolaire. Les postes d'emploi qui sont concernés par cette activité sont estimés à 56.000. Une vraie industrie qui ne laisse indifférents ni les syndicats, ni les éditeurs, ni les imprimeurs.