Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine se réunissent, aujourd'hui, et pendant deux jours à Addis- Abeba, la capitale éthiopienne. Un 35e Sommet ordinaire qui ne manquera pas d'être chargé en débats. Les 55 pays membres que compte l'organisation, se trouvent confrontés à des défis divers. Entre pandémie et série de coups d'Etat, les pays africains devront aborder quatre grandes questions lors de ce sommet, à savoir la santé, la stabilité sécuritaire, l'éducation et la sécurité alimentaire. Mais lors de ce sommet, un sujet inattendu s'est invité aussi dans les débats et pourrait donner lieu à de vifs échanges. Il s'agit de la polémique qui a éclaté en juillet dernier, après la décision unilatérale du président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki, d'accréditer Israël, comme membre observateur. Un statut qu'Israël avait perdu après que l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a été dissoute et remplacée par l'UA, en 2002. Ce retour a déclenché la colère des pays membres et la question a été inscrite à l'ordre du jour du sommet. Et à ce propos, l'Algérie mène une féroce bataille pour barrer la route à l'entité sioniste, dont l'arrivée au sein de l'Union africaine même en qualité de simple observateur, risque de la faire exploser. L'Algérie tient justement à préserver l'union de l'organisation continentale et chercher à éviter les discordes et les divisions. La diplomatie algérienne représentée en la personne de Ramtane Lamamra et sur orientations du chef de l'Etat, effectue un travail de fourmi auprès des pays membres pour les sensibiliser au danger de la présence d'Israël au sein de l'UA. Tractations en coulisses, contacts informels et forcing diplomatique, Ramtane Lamamra redouble d'efforts pour convaincre ses pairs qui n'ont pas encore pris position par rapport à cette question. Il sait qu'il y a déjà au moins 21 pays membres qui ont rejeté la décision de Moussa Faki, dont des poids lourds comme l'Egypte, le Nigeria et l'Afrique du Sud. Lamamra concentre donc ses efforts et fait valoir son génie diplomatique auprès des pays qui ne voient pas venir le danger sioniste. D'ailleurs, ce danger est imminent puisque la simple adhésion d'Israël risque de faire éclater l'Union. Et c'est bien évidemment le but de l'entité sioniste qui cherche à diviser l'Afrique pour régner en maître sur le continent noir, afin d'atteindre ses objectifs et réaliser ses agendas contre l'humanité. Depuis ces dix dernières années, ce pays colonisateur qui a spolié les territoires palestiniens cherche à avoir un pied à terre en Afrique. Il multiplie les missions d'ONG dirigées par des agents du Mossad, pour infiltrer les milieux politiques et économiques des pays africains. Une manière de faire main basse sur les gouvernements et de là accéder aux richesses du continent. Pour stopper donc le danger sioniste, l'Afrique doit avoir un sursaut salutaire, montrer sa lucidité et sa solidarité, en refusant l'accréditation à un pays qui soutient l'apartheid. Pour revenir à ce 35e Sommet, l'Union africaine abordera d'autres questions, toutes aussi brûlantes dont celle de la paix et de la stabilité de la région. Il s'agira des derniers développements survenus au Burkina Faso, au Mali ou encore la crise libyenne, la question du Tigré, du Soudan...Mais il faut relever que la réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS), dont l'Algérie et l'Egypte quitteront la présidence pour céder la place à la Tunisie et au Maroc selon les principes de la rotation, sera présidée par le ministre des Affaires étrangères de la République sahraouie qui est membre à part entière de l'UA. Que va faire le Maroc qui sera face à ses contradictions? Va-t-il accepter d'assister à une réunion présidée par le ministre d'un Etat qu' il colonise et auquel il refuse de reconnaître l'existence? Va-t-il se retirer de cette réunion et enfreindre ainsi le fonctionnement de cet organe? Dans les deux cas, le Maroc est dos au mur et devra reconnaître qu'il est pris à son propre piège. À cela il faut ajouter le fait que même ses «soutiens» le lâchent, puisque les Etats-Unis de Biden n'ont pas entériné la décision de Trump reconnaissant la marocanité du Sahara. Actuellement, Washington encourage les négociations sur cette question. Enfin, à l'issue de ce sommet, c'est le président sénégalais Macky Sall qui prendra les commandes de l'UA pour l'année à venir, à la place de son homologue congolais, Félix Tshisekedi.