Annoncée en grande pompe, le 24 décembre 2021 par le ministère de la Transition énergétique, le projet de 1000 Megawatts d'électricité solaire n'est finalement qu'une publicité mensongère. Dans sa communication, le ministère de la Transition énergétique donnait des échéances précises et un calendrier de déploiement des centrales photovoltaïques, en sus des sites de leur implantation. Bref, le très long communiqué se voulait clair et les opérateurs économiques avaient cru en la bonne foi d'une administration qui, en réalité n'avait pas l'intention d'aller plus loin que le verbiage. Et pour cause, alors que l'opinion publique pensait l'opération lancée, on apprend de la bouche du directeur général du Cluster Energie Solaire (CES) Boukhalfa Yaïci, que absolument rien n'a été fait. La situation est au même point. Rien n'a bougé. De fait, le fameux projet «Solar 1000» n'en est pas un en réalité. C'est une vaste tromperie. «Nous avons été très contents de voir l'appel d'offre finalement annoncé. Les opérateurs ont payé les frais nécessaires pour l'obtention du cahier des charges, mais à ce jour ils ne l'ont pas encore reçu»! a déclaré Boukhalfa Yaïci, hier, sur les ondes de la Radio nationale. Ainsi, face au sérieux des opérateurs nationaux, l'administration de la Société algérienne des énergies renouvelables «Shaems», qui passe pour le «bras armé» de la transition énergétique n'a rien trouvé de mieux que d'encaisser l'argent, sans donner signe de vie. Ce n'est pas normal qu'un directeur de Cluster se voit obliger de recourir aux médias pour évoquer pareil scandale. «Nous souhaitons que ce cahier des charges soit libéré rapidement pour que les entreprises puissent commencer à réaliser le projet», a indiqué Yaïci, mettant ainsi en faute la nouvelle entreprise publique créée par Sonelgaz et Sonatrach. Shaems était censé donner un sérieux coup de pouce au développement des énergies renouvelables en Algérie. Or, il s'avère qu'elle en est le premier frein, puisqu'elle s'impose comme le seul canal conduisant vers le développement du solaire et ces cadres trouvent le moyen de retarder, Dieu sait pourquoi, un projet stratégique, grand pourvoyeur d'emploi et dont les effets sur la dynamique économique du pays n'est plus à démonter. La bureaucratie de Shaems bloque les 34 entreprises qui composent le Cluster Energie Solaire. Cette force de frappe authentiquement algérienne regroupe des fabricants de panneaux, EPC, installateurs, opérateurs de maintenance, écoles et centres de recherche et développement. Tout ce beau monde est, aujourd'hui, en attente d'un signe de l'entreprise publique qui semble se complaire dans une attitude bureaucratique inexplicable. Lorsqu'on sait que cette opération est le premier maillon d'un programme national de 15000 MW de sources renouvelables d'ici 2035, on en sourit. «Pour concrétiser ce programme, nous avons besoin d'une cadence de l'ordre de 1000 MW par an, mais, aujourd'hui, nous sommes en 2022 et nous n'avons rien de son déploiement», note Yaïci, dévoilant par-là même l'incompétence dont fait montre Shaems. «Nous sommes très déçus que ce programme, lancé en 2020, ne connaisse pas encore un début d'application», regrette-t-il. Si le directeur du Cluster Energie Solaire impute cette situation de blocage à la «hausse des prix du baril» qui suscite «les mêmes réflexes» d'avant, cela n'empêche pas le caractère scandaleux de ce blocage injustifié.