Le 18 mars 1962, il y a exactement 60 ans, le gouvernement français et les membres de la délégation algérienne du gouvernement provisoire de la République algérienne, GPRA, signaient, à Evian, les accords qui allaient conduire à la proclamation de l'indépendance de l'Algérie quelque mois plus tard, le 5 Juillet. C'est grâce à la Suisse que les premiers contacts (secrets) ont pu être établis entre les deux parties. Et c'est en Suisse que sera hébergée la délégation algérienne; Celle-ci était installée à Bois D'Avault, dans la résidence du Cheikh Ahmed Ben Ali Thani, émir du Qatar, de 1960 à 1972. Cette magnifique demeure de 10 hectares servit, donc, de résidence aux négociateurs algériens, notamment lors du premier cycle de négociations, au printemps de 1961. Au vu du gabarit de ses hôtes algériens, cette résidence, gracieusement mise à la disposition de la délégation algérienne, par l'émir du Qatar, était très protégée, durant les tractations qui permettront de mettre fin à 132 années de présence coloniale française en Algérie. Rappelons que les négociateurs algériens étaient venus en Suisse, depuis Tunis, par un vol spécial de Swissair qui avait pour consigne de ne pas survoler la France. Une fois sur le sol suisse, la délégation algérienne prenait ses quartiers dans la somptueuse résidence à Bois D'Avault, du côté de la frontière suisse. Les alentours de la villa étaient surveillés par l'armée suisse, de crainte d'une opération de l'OAS, farouchement opposée à l'indépendance de l'Algérie et qui constituait une menace pour le cours des négociations. «Il y avait même des canons de défense antiaérienne, DCA, en cas d'apparition d'un petit avion près de la propriété», font part des témoignages, dont celui du photographe André Gazut qui a pu entrer dans la villa, où il a pris des photos. C'est grâce au docteur Djillali Bentami, représentant du Croissant-Rouge algérien, CRA, en Suisse, qui l'avait mis en contact avec le négociateur algérien Rédha Malek, que ce photographe à pu filmer, dans l'intimité de leur retraite, à Bois D'Avault, les négociateurs algériens. Cette bâtisse, qui abritait la délégations du GPRA engagée dans les négociations historiques d'Evian, devant mener à l'indépendance de l'Algérie, fut ainsi le théâtre de ballets d'hélicoptères de l'armée suisse et du stationnement de soldats. Le rôle de la Suisse dans le processus qui amena à la signature des accords d'Evian, en 1962, est, de fait, souvent mentionné comme une démonstration exemplaire de la politique active de neutralité.