Un ciel est avare de pluies mais l'Etat est resté généreux dans les limites du possible. L'année 2021 a été cruciale pour le pays qui a subi une sécheresse jamais connue. Les barrages ont atteint des niveaux alarmants et plus de 20 wilayas ont été placées dans un extrême état de stress hydrique. Comme un malheur n'arrive jamais seul, à cette sécheresse s'est ajouté un autre aléa extra-climatique: le contrat de gestion des services publics de l'eau et de l'assainissement entre la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal) et Groupe Suez a pris fin le 31 août 2021 après trois renouvellements successifs. Plusieurs voix affirmaient alors que le départ des Français allait faire sombrer le secteur dans une totale anarchie estimant que la technicité dans la gestion de l'eau est inaccessible. C'était sans compter sur les compétences algériennes. Une équipe jeune, dynamique, soigneusement encadrée par des anciens, a pris le taureau par les cornes et a relevé le défi. N'était-il pas temps de faire confiance à ces compétences algériennes qualifiées pour gérer les services publics de l'eau et de l'assainissement? Il faut reconnaître que l'étape cruciale a été gérée avec beaucoup et de doigté. Nommé ministre des Ressources en eau en juillet 2021, Karim Hasni a hérité d'un département incandescent tant les problèmes s'accumulaient: les ressources hydriques étaient rares et l'instabilité chronique sapait le moral des cadres fussent-ils les plus aguerris et les plus compétents. Avec une pareille bombe à retardement entre les mains, Hasni se devait de conduire le bateau vers des rivages plus sereins. En un temps record, il réussit à mettre en place une équipe jeune et compétente, alliant management et technicité, à la tête de Seaal. On oublie souvent de souligner cet extraordinaire challenge qui est pourtant typiquement algérien et significatif pour le pays dans un contexte difficile. Depuis ces neuf derniers mois, le ministère des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique renoue avec un dynamisme certain pour répondre méthodologiquement aux diverses demandes citoyennes et dans tous les secteurs confondus. Une amélioration de la distribution de l'alimentation en eau potable est remarquée au sein de la capitale, notamment durant le mois de Ramadhan écoulé. Et ce conformément aux instructions du président de la République. La stratégie du premier responsable mise en place où «la sécurité hydrique» se concrétise également par l'accélération des projets de dessalement de l'eau de mer et par «la solidarité hydrique inter-wilayas». Le climat de l'Algérie, autrefois semi-aride, est devenu aujourd'hui sec, ce qui fait que la stratégie de gestion des ressources en eau repose, de plus en plus, sur le dessalement de l'eau de mer à moyen et long terme. Le pays entend atteindre 60% dans l'approvisionnement en eau potable avec de l'eau dessalée en 2030 et 42% en 2024, sachant que le chiffre actuel est de 17%. Pour le ministre, le dessalement de l'eau de mer «est la solution idéale». Les eaux de surface étant devenues rares, «alors que l'Algérie dispose de toutes les capacités nécessaires en matière de dessalement avec une bande côtière qui s'étend sur 1200 km». À cela s'ajoute l'expertise et la ressource humaine nécessaires dans ce domaine. Pour sécuriser les vingt wilayas les plus touchées par le déficit hydrique, le ministère a recouru à un programme d'urgence prévoyant l'exploitation de ressources supplémentaires à partir des eaux souterraines, à travers la réalisation de 800 puits, dont la moitié est entrée en service, tandis que 400 puits sont en cours de réalisation à un stade très avancé. Doit-on crier victoire pour autant et retomber dans l'insouciance surtout avec les dernières précipitations? La bataille est loin, même très loin, d'être gagnée et ce secteur a besoin surtout de stabilité. Ça coule de source, on ne change pas une équipe qui gagne.