Rédacteur en chef-adjoint à France 3 Rhône-Alpes (Lyon), le conférencier revient sur le traitement journalistique des émeutes de novembre 2005. Les émeutes ayant éclaté à travers les banlieues françaises à la fin de l'année dernière, ont prouvé, si besoin est, que la France vit l'un des plus violents malaises de son histoire moderne. Il y a eu les émeutes de mai 1968, certes, mais celles des mois d'octobre et novembre 2005, les dépassent de loin. Ces événements font en effet état d'un «malaise dans la civilisation», pour reprendre Freud. Le problème d'intégration des communautés immigrées s'est, plus que jamais, posé. Cette question sera largement abordée aujourd'hui à 14h30, au Centre culturel français d'Alger, par Alain Fontan, rédacteur en chef-adjoint à France 3 Rhône-Alpes (Lyon), expert à Canal France International. Il est également chargé de cours dans les Universités de Lyon III (Institut pour l'Etude de la Francophonie et de la Mondialisation) et de Paris IV-Sorbonne (Celsa/Ecole des hautes études en sciences de l'information et de la communication). Lors de sa conférence, Alain Fontan mettra également sous les feux de la rampe le traitement journalistique des émeutes des banlieues françaises. Il a aussi pour objectif d'en montrer l'importance du point de vue des rédactions des chaînes de télévision. Que s'est-il passé? Pourquoi cela s'est-il passé? Comment cela a-t-il été possible? Quels critères professionnels président à la sélection, et à la mise en valeur des statistiques relatives aux incendies de voitures? La question se pose immédiatement au sein des rédactions. «Cette réflexion veut contribuer à répondre à cette question difficile: à quoi sert la télévision dans une société en crise? Il y va de la définition même du rôle de la télévision publique ou privée dans la société : véritable lien social et de solidarité entre les territoires et les citoyens/téléspectateurs séparés les uns des autres, ou objet de consommation». La crise des banlieues françaises a par ailleurs donné naissance à un débat politique houleux. Rappelons en ce sens la sortie médiatique du ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy qui avait traité les émeutiers, issus de l'émigration, de «sale racaille». Ce qualificatif lui a d'ailleurs valu des critiques acerbes venant de toutes parts, notamment des organisations et associations de défense des droits des minorités. Aussi, selon les observateurs, ce genre d'incident n'a fait que noircir l'image de la France surtout vis-à-vis de ses anciennes colonies.