«Deux journalistes américains croupissent en prison pour avoir refusé de divulguer leurs sources». Comment un magistrat devra-t-il communiquer avec la presse? Où commence la liberté de la presse et où se termine-t-elle? Ce sont là les principales questions qu'abordera la magistrate américaine Mme Barkett Rosemary, lors de la série de conférences qu'elle donnera demain à la cour d'Oran. Lors de la conférence de presse animée hier à l'Ecole supérieure de la magistrature (ESM), à Alger, Mme Rosemary a insisté sur la nécessité de l'indépendance de la justice si l'on aspire à une liberté d'expression au sens plein du terme. Parlant de la liberté de la presse dans son pays, la conférencière a estimé que les Etats-Unis accusent encore des lacunes en la matière. Dans ce pays réputé pour être le pays des libertés, notamment de la liberté d'expression, les journalistes américains ne bénéficient tout de même pas d'une liberté absolue. La conférencière, membre de l'Association américaine des juristes (ABA), a indiqué que «les lois américaines exigent du journaliste de révéler ses sources dans le cas où l'information publiée porte atteinte à la sécurité de l'Etat». Invitée par le ministère de la Justice dans le cadre de l'exécution du programme de formation continue des magistrats, mis en place en vue du développement des ressources humaines, la conférencière a rappelé que jusqu'à présent «deux journalistes américains croupissent en prison pour avoir refusé de divulguer leurs sources». Il s'agit de Judith Miller, du New York Times et Matthew Cooper, du Time. L'ordre d'incarcération a été pris par la cour d'appel fédérale de Washington, le 19 avril 2005. «Les deux journalistes, accusés d'outrage à la cour» pour avoir refusé de révéler leurs sources d'information, n'ont plus d'autre recours que la Cour suprême fédérale, mais à condition que celle-ci accepte de se saisir du dossier. Hormis la défense de toucher à «la sécurité intérieure du pays, les journalistes américains sont libres de critiquer qui ils veulent, à commencer par le Président» a souligné Mme Rosemary. Aussi, a-t-elle précisé que le débat sur cette question est chaud aux Etats-Unis. Ainsi, entre les fervents défenseurs d'une liberté de la presse absolue, et ceux qui veulent imposer certaines barrières, la polémique est d'ores et déjà houleuse. Hormis ce point, à savoir la divulgation de ses sources, «le journaliste américain a une facilité extraordinaire d'accéder à l'information. Toutes les portes des institutions lui sont ouvertes», a signalé la conférencière. Cela contrairement aux journalistes algériens qui souffrent énormément du problème épineux d'accès à l'information. Il convient de souligner enfin que l'association des magistrats américains, à laquelle appartient Mme Rosemary, avait déjà présenté des séries de conférences sur des thèmes d'actualité comme la déontologie dans la profession de magistrat et la cybercriminalité.