Comment assurer à la communication au sein du secteur de la justice un maximum d'efficacité ? Et quelle est la relation entre le système judicaire et les médias, trop emprunte de méfiance et source de conflits ? C'est autour de ces questions que David Sellers, directeur exécutif des affaires générales au bureau administratif des tribunaux américains et expert en communication judiciaire, a animé une conférence à la salle des fêtes El Mizania ( gare routière Ouest) devant un parterre de magistrats. Une rencontre qui entre dans le cadre des échanges avec l'association du barreau américain (ABA). Le conférencier s'est longuement étalé sur la mission du journaliste et celle du magistrat, particulièrement quand ces deux acteurs se retrouvent dans le contexte d'une même affaire. A ce propos, le conférencier dira : « Le journaliste a entièrement le droit de récolter toutes les informations qui lui sont utiles, et qui sont liées à une affaire donnée. Mais, il doit, en revanche, savoir que le magistrat ne peut pas s'exprimer sur certains détails de cette affaire, car il est soumis à une charte de déontologie ». Le journaliste soupçonnera, ajoutera le conférencier qu'« on soustrait à son attention les moyens d'établir les faits d'une affaire qu'il est chargé de médiatiser, alors que le magistrat doutera des informations susceptibles d'être publiées par ce même journaliste ». C'est un fait que nous allons toujours rencontrer, dira David Sellers, même dans 10 ans. Evoquant la formation des journalistes qui couvrent les affaires judiciaires, l'interlocuteur reproche à ceux-ci de ne pas avoir été suffisamment formés pour se familiariser avec les tribunaux et traiter convenablement les affaires judiciaires. Aux Etats-Unis, dira le conférencier, les responsables des organes de presse sont conscients de cet état de fait, le justifiant, tout de même par un manque de ressources financières et de temps. Dans ce même contexte, selon l'orateur, « la loi américaine met des freins aux avocats, en leur interdisant de parler de leurs affaires de manière régulière ». Ceci, précisera-t-il, « pour ne pas divulguer certains secrets relatifs à l'affaire ». Raison pour laquelle, poursuivra le conférencier, « nous essayons de trouver un équilibre entre le caractère propre aux personnes impliquées dans une affaire et le travail journalistique » . A la question de savoir s'il y a des journalistes américains qui ont été traduits en justice pour avoir publié des informations détaillées sur une affaire qualifiée de confidentielle, l'expert américain affirme que des journaliste ont été emprisonnés parce qu'ils ont refusé de citer leurs sources.