Une magistrate de la cour d'appel fédérale des Etats-Unis d'Amérique, Mme Berbett Rosemary, a animé, hier, à l'Ecole supérieure de la magistrature, à Alger, une conférence-débat autour du modèle américain sur la liberté de la presse et la justice. Ainsi, après avoir dressé un tableau historique de son pays, la magistrate souligne que la liberté d'expression était au centre des préoccupations pour les rédacteurs de la première Constitution des Etats-Unis. « Il fallait trouver un équilibre entre le gouvernement et la demande de la liberté d'expression », fera remarquer l'oratrice, membre, également, de l'Association américaine des juristes. Pour elle, il y a une réelle indépendance de la justice aux Etats-Unis. « Il ne peut y avoir de liberté de presse dans un pays sans l'indépendance de la magistrature », relève Mme Berbett. Abordant la relation de la justice avec la presse, elle annonce que le délit de presse ne figure pas dans les textes aux Etats-Unis, hormis des cas d'offense ou d'injure passibles de dommages et intérêts, mais en aucun cas de prison. « S'il y a un délit de presse consigné dans le code pénal, cela constitue une atteinte à la liberté d'expression », soutient la magistrate qui qualifie de « dangereux » le fait de pénaliser les délits de presse. Mme Berbett a, également, abordé le rôle de la presse durant les procès judiciaires. Pour elle, le journaliste n'est pas obligé de révéler sa source, sauf dans des cas de crime. « Si l'instruction est en cours, les deux parties peuvent donner des informations aux journalistes », illustre-t-elle en ajoutant qu'aux Etats-Unis, les procès peuvent même être filmés. « La partie civile et la défense organisent en toute liberté des conférences de presse », dira-t-elle. L'intervenante a indiqué, en outre, que la presse américaine n'est pas astreinte par une charte de déontologie. « Seuls les professionnels interviennent dans l'organisation de la profession », dira-t-elle, qualifiant cette charte d'« ingérence » des autorités dans le métier. Elle a indiqué que dans son pays, il y a toujours cette tendance pour équilibrer le droit à l'information et les intérêts de l'Etat.