Membre du PPA et du MTLD, (1947), alias Lagraâ Dine, né à El Bayadh en 1908, est le civil le plus élevé dans la hiérarchie révolutionnaire régionale. Il a succédé dans cette position à d'illustres compagnons de la libération. En 1952, le MTLD désigne à Bechar, Si Mohamed Méchati, membre des 22. Il atterrit par une nuit sans lune par train à Béni Ounif. Il fut accueilli par un militant. Il le suivit mais à peine s'il distingue devant lui la silhouette de son compagnon. Lorsqu'ils pénètrent dans le domicile d'un autre militant qui les attendait, quelle ne fut la surprise de Si Méchati lorsqu'il découvre que son accompagnateur de la gare est aveugle. Si Méchati regagne Kénadza. Il devait se faire recruter aux Houillères. Malade, ne pouvant supporter le climat, Si Méchati demande à être libéré de cette charge. Constantinois comme son prédécesseur, Bachir Chihani, lui succède. Il est connu pour avoir dirigé la 1ère opération militaire du bus du 1er novembre 1954 à Arris. Il était l'adjoint de Mustapha Ben Boulaïd à la Wilaya 1 historique. J'ai consacré un ouvrage sous le titre - Si Abdelkamel, Chef de l'OCFLN, l'oublié de Bechar-, publié en mai 2010, (20 exemplaires remis à la wilaya, sur instruction du wali de l'époque). Ce combattant de la liberté et la dignité a consacré sa vie à la lutte libératrice. De 1962 à sa mort, il a continué de signer les témoignages de participation à la lutte libératrice avec l'en-tête: «Je soussigné Responsable politique de la région de Bechar». Pour honorer sa mémoire au même titre que les moudjahidine bénéficiaires, j'ai déposé le dossier au siège des moudjahidine, (en signalant au passage: je suis le seul moudjahid, à avoir déclenché également le souvenir à la mémoire de Si Ferhat, (Bélaïd Ahmed), officier de l'ALN, ex- chef de la Zone 8 de la Wilaya V historique. Je fus scandalisé par l'oubli de ce grand homme). Aucune suite à ce jour. La région pullule de grands personnages. Trois tribus ont participé activement, les Doui Menii, les Ouled Ziad, (échappé à l'atroce répression de l'envahisseur colonial à El Bayadh) et les Ouled Jérir. Elles se sont dressées devant l'envahisseur colonialiste en amont par les Ouled Jérir, (connus pour être de valeureux guerriers) et en aval par les Doui Menii et les Ouled Ziad sous la direction d'un Chef Ménii. Personne ne cherche à identifier ce valeureux combattant pour lui rendre l'hommage mérité? Dans tous les groupes socioculturels, il y a sûrement des hommes de grandes valeurs qui restent plongés dans l'amnésie et l'ostracisme à dessein, comme Mme Fellah Djemaâ qui fut une sincère militante combattante. Les relents à caractère tribal ne sont pas de nature à favoriser la recherche historique. Laissons le puits avec son couvercle? Dans la conception coloniale, le nord de l'Algérie a été érigé en trois départements, (Alger, Oran, Constantine), dirigé par un Gouverneur général civil relevant du ministère de l'Intérieur, devenu une colonie de peuplement par ordonnance du 22.07.1834 comme la Bretagne (1491), l'Alsace (1645), la Corse (1709) et la Savoie (1860). L'Afrique du Sud et la Palestine L'Algérie reste le seul pays à travers l'histoire de la planète Terre où la colonisation de peuplement a échoué. Elle a réussi aux Amériques, en Australie. Seules, l'Afrique du Sud et la Palestine, où la terre a été divisée entre autochtones et occupants. Quant au sud, dénommé le «Sahara», il a été dirigé par un général et divisé en Territoires militaires. Géographiquement, le Sahara est constitué à l'est, de zones tubulaires sablonneuses, (erg) et d'une hamada, plate-forme pierreuse, à l'ouest, dénommée la Saoura et les Oasis à l'est. La Saoura était pratiquement méconnue des Français contrairement au Sahara oriental et central, connus dès le XIXe siècle, Biskra, (1873), Laghouat, (1852). Les Français sont arrivés à Bechar, le lundi 12 novembre 1903. Ils ont occupé Adrar, le 31 mars 1934 et Tindouf le 31 juillet 1934. Une poignée d'hommes, ayant comme seule arme, leur simple et unique conviction dans la foi profonde dans l'action, ont décidé de déclencher une insurrection armée face à une puissance qui navigue dans le cercle restreint des grands de ce monde. Si Abdelkamel, fut de ces hommes qui au sud était présent au rendez-vous de l'Histoire, ce lundi 1er novembre 1954, inscrit de façon indélébile dans l'histoire de l'Algérie. Si Abdelkamel est l'aîné d'une fratrie de 11 enfants. Il a 20 ans à la mort de son père en 1928. Son aïeul, Ziad, (éponyme de la tribu des Ouled Ziad à Rogassa) est arrivé en 1382 en Algérie. Il s'est installé à Arbaouat, (El Bayadh). Il est enterré, près de la tombe de Sidi Maâmar ben Alia. Si Abdelkamel s'installe au sud, à Bechar car la famille, ruinée à la suite de la punition coloniale pour avoir été les soutiens des différentes insurrections dans les Hauts- Plateaux. Militant du PPA/MTLD, présent au rendez-vous historique du 1er Novembre 1954, comme Chef de groupe de choc, il fut désigné comme Chef de l'OCFLN, fonction qu'il assuma jusqu'en 1962, en réalité jusqu'aux assises institutionnelles de l'Etat algérien. Dans mon ouvrage édité en 2010 - Si Abdelkamel, Chef de l'OCFLN, l'oublié de Bechar-, j'ai publié les documents, confirmés et authentifiés par les actes originaux émanant de l'ALN, faisant ressortir sa qualité et son statut de Responsable politique de Bechar et sa région, comme étant le seul civil, le plus élevé dans la hiérarchie de la Révolution. Durant le début de l'indépendance et jusqu'à l'instauration du 1er gouvernement algérien, c'est lui qui provoquait et présidait des réunions publiques à Debdaba, (quartier nord de Bechar). Ensuite, je peux signaler sous la foi du serment, durant la lutte de Libération nationale, une rumeur avait circulé pour interdire la consommation de la cigarette. Tout récalcitrant aurait le nez tranché, celle-ci le faisait rire, il la trouvait inapplicable. De ce fait, lorsque Si Abdelkamel pénètre dans un lieu public, les fumeurs éteignent illico-presto la cigarette. (Ce qui laisse à penser que tout le monde savait tout bas qu'il était le Chef du Nidham). Cette situation a été à la base de sa dénonciation à l'ALN. Elle l'a rappelé à l'ordre, à maintes reprises. Dans ses directives, elle reprochait son indiscrétion en confirmant que tout le monde sait qu'il est le Chef. Les divers écrits échangés avec l'ALN Pour être dans le sillage du nationalisme algérien dans un Sud, sous administration militaire, illettré, sous le poids écrasant de la misère, contrairement au nord du pays sous gestion civile, se frottant aux syndicats et à la communauté européenne, il fallait se réveiller tôt. Si Abdelkamel, n'a jamais cessé de renouveler avec insistance, sa disponibilité à rejoindre le maquis, malgré son âge et sa position d'aîné qui privilégient plutôt le plus jeune de la famille. Divers écrits ont été échangés avec l'ALN. Il a fallu, un ordre ferme émanant de cette structure, l'obligeant à ne plus poser cette éventualité, sa présence à l'intérieur du pays était plus efficace et indispensable que dans les djebels, ont répondu les militaires. Démuni de ressources, Si Abdelkamel était locataire. Il changea à maintes reprises de résidence. Il vivotait, grâce à l'assistance de sa famille ou de l'aide de militants reconnaissants. La question cruciale était le paiement du loyer mensuel à honorer au bailleur. Heureusement, la reconnaissance et l'hospitalité réunies que l'on reconnaît parmi les caractères fondamentaux des gens du Sud, ne pouvaient les laisser indifférents, qui reconnaissent en lui, le grand militant. Il a démontré dans les moments cruciaux, un courage exceptionnel, une maîtrise extraordinaire et une perception rationnelle des questions pertinentes durant la lutte libératrice. Quotidiennement, il se préoccupait des besoins des familles des martyrs, des militants ayant abandonné leurs foyers pour rejoindre les maquis, des prisonniers qui souvent ont laissé leurs familles à la merci du ciel. Non titulaire d'une pension Il était au quotidien face à la misère, lui, qui consacra toute une vie de militant infatigable, alors qu'il pouvait largement profiter de la période du début de l'indépendance, pour accaparer des biens laissés par les colons. Certains ont bâti leur fortune actuelle sur les vestiges de l'occupant colonial. Il n'a jamais sollicité un prêt financier, comme tant d'autres, jamais remboursé. Quel paradoxe, quelle grandeur de l'Homme, alors qu'il signait des témoignages et ce jusqu'en1978 (année durant laquelle la maladie le cloua au lit), sous la plume avec cette en-tête: «Responsable politique de Bechar», aux membres de l'OCFLN, qui jouissent aujourd'hui d'une pension en qualité de moudjahid, les mettant à l'abri du besoin, vivant avec dignité et respect. Arrêté le 12.05.1958, torturé atrocement, il n'a pas parlé. Il s'est rendu lui-même aux forces colonialistes des suites de l'arrestation d'un membre de sa famille en ces lieux et place parce qu'il portait le même prénom que lui. Il a refusé d'exécuter la recommandation d'être évacué au Maroc compte tenu de sa responsabilité dans la hiérarchie révolutionnaire. Il était démuni de ressources. À ma connaissance, il n'était pas titulaire d'une pension en qualité de moudjahid, invalide au titre de tortures endurées durant son incarcération en 1958. Cette situation de misère notoire est inqualifiable et inacceptable. Des moudjahidine, avec lesquels il était en constante liaison durant la lutte libératrice (certains soit dit, sont passés par le maquis ou intégrés le Nidham grâce à son précieux concours), ont bénéficié de prêts conséquents par l'Etat. Ils se sont retrouvés du jour au lendemain dans une aisance financière qui crève les yeux. En 1985, lors d'un déplacement dans la région, son épouse, à qui je rends ici un vibrant hommage pour l'avoir accompagné dans la dignité jusqu'à la mort, partageant avec lui, la faim et la solitude, ayant comme seul compagnon dans ce parcours ignoble, sa seule foi en Dieu, Le Tout-Puissant. Elle m'a fait part de sa détresse économique, particulièrement l'absence de ressources. Elle ne comprenait pas que quelqu'un comme Si Abdelkamel qui se consacra totalement au service de la cause nationale, ayant participé activement à la lutte libératrice avec une foi militante et sincère au détriment de sa santé, de ses intérêts économiques, puisse être abandonné comme une quantité négligeable, dans une indifférence et un dénuement inexpliqués. Sur la base de ses informations, j'ai saisi par écrit le ministère des Moudjahidine, le 2/11/1985, lui exposant la situation de la veuve. Il n'y a jamais eu de suite. Ce que celle-ci a enduré dans l'incompréhension générale d'une société frappée d'une cruelle amnésie est inacceptable. Si Abdelkamel mourut le 9 juin 1980, dans l'ignorance totale des hommes et des institutions étatiques, sans la moindre aide financière qui aurait pu le mettre à l'abri du besoin ou du moins l'aurait éloigné du spectre de la faim et de la misère qui ont été ses seuls compagnons avant de rendre son dernier soupir. «À Lui nous appartenons et à Lui nous retournerons.» *Moudjahid et fils de moudjahid Ex- secrétaire permanent de l'OCFLN.