La Russie a déclaré, hier, avoir frappé trois centres d'entraînement militaires dans le nord et l'ouest de l'Ukraine, dont un situé à proximité de la frontière polonaise. Ces bombardements ont été effectués avec des «armes de haute précision des forces aérospatiales russes et des missiles (de croisière) Kalibr», a indiqué dans un communiqué le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. Parmi les cibles visées figure un centre d'entraînement militaire des forces ukrainiennes dans le district de Starytchi, dans la région de Lviv, à une trentaine de kilomètres de la frontière polonaise. Les deux autres centres d'entraînement ukrainiens visés se trouvent dans la région de Jytomyr (centre-ouest) et dans la région de Tcherniguiv (nord). Konachenkov n'a pas précisé d'où ni quand ces missiles avaient été tirés, mais l'Ukraine a annoncé samedi que la Russie avait effectué ce jour-là des frappes depuis le Bélarus, frontalier au nord. Moscou ne s'est pas exprimé à ce sujet. Après ces frappes, plusieurs brigades ukrainiennes «ont entièrement perdu leurs capacités de combat» et les «plans visant à les déployer dans des zones de combat ont été contrecarrés», a affirmé Konachenkov. Avec ces bombardements, la Russie rappelle une nouvelle fois qu'elle est capable d'atteindre n'importe quel point du territoire ukrainien, même si l'essentiel des opérations se déroulent désormais dans l'est et le sud de ce pays. Les forces russes ont obtenu samedi d'importants succès militaires dans l'est de l'Ukraine, s'emparant totalement, à l'issue d'une bataille acharnée, de la ville stratégique de Severodonetsk et pénétrant dans celle voisine de Lyssytchansk, à l'entame du cinquième mois de conflit. Dans le même temps, le président Vladimir Poutine a annoncé que son pays allait «dans les prochains mois» livrer au Bélarus des missiles capables de transporter des charges nucléaires. Il s'agit d'Iskander-M, a précisé le chef de l'Etat russe au début d'un entretien avec son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko à Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie). Dans des déclarations qui risquent de tendre davantage encore les rapports entre Moscou et les pays Occidentaux, les deux dirigeants ont aussi dit vouloir moderniser l'aviation du Bélarus pour la rendre capable de transporter des armes nucléaires. Kiev avait peu avant accusé la Russie de vouloir «attirer» Minsk «dans la guerre» après le tir, selon l'armée ukrainienne, de vingt missiles depuis le sol bélarusse ainsi que d'avions, sur un important centre militaire ukrainien à Desna (nord) samedi à l'aube. Ce village de la région frontalière de Tcherniguiv, où aucune victime n'a été signalée, avait déjà été la cible le 17 mai de bombardements ayant alors fait 87 morts d'après les Ukrainiens. Des attaques depuis le Bélarus avaient eu lieu au tout début de l'opération spéciale en Ukraine déclenchée le 24 février. Le président américain Joe Biden est arrivé samedi soir en Europe, où il entend encore consolider, et sur la durée, les rangs des Occidentaux face à Moscou. Il devait participer depuis hier à un sommet du G7 dans le sud de l'Allemagne, puis à un autre de l'Otan. Dans l'est de l'Ukraine, l'armée russe a engrangé samedi des avancées majeures. L'armée ukrainienne parle de retrait de cette cité d'environ 100 000 habitants pour mieux défendre la localité de Lyssytchansk, située sur la rive opposée d'une rivière, la Donets. Le gouverneur de la région de Lougansk Serguiï Gaïdaï a confirmé samedi soir l'occupation de Severodonetsk. Les séparatistes ont parallèlement déclaré avoir «pris le contrôle total de la zone industrielle de l'usine Azot» à Severodonetsk et être entrés avec les militaires russes à Lyssytchansk. «Des combats de rue s'y déroulent actuellement», ont-ils ajouté. Une progression sur le terrain cruciale pour la Russie, qui veut conquérir l'intégralité du bassin industriel du Donbass, déjà partiellement aux mains des séparatistes prorusses depuis 2014. L'armée russe a indiqué avoir tué «jusqu'à 80 mercenaires polonais» dans un bombardement, détruisant aussi vingt véhicules blindés et huit lance-roquettes multiples Grad dans des tirs d'armes de haute précision sur l'usine de zinc Megatex à Konstantinovka, dans la région orientale de Donetsk. Moscou assure fréquemment «éliminer des mercenaires» étrangers venus combattre en Ukraine. À Kharkiv (nord-est), deuxième plus grande métropole d'Ukraine, les missiles s'abattent quotidiennement sur le centre-ville. Dans le Sud, le ministère russe de la Défense a déclaré samedi que «plus de 300 militaires ukrainiens et mercenaires étrangers et 35 unités d'armes lourdes» avaient été «liquidés en une journée dans la région de Mykolaïv». Moscou avait dénoncé vendredi un «accaparement géopolitique» de l'espace de la Communauté des Etats Indépendants (CEI, rassemblant plusieurs pays de l'ex-URSS) pour «contenir la Russie», assurant que «cette approche agressive de l'Union européenne a(vait) le potentiel de créer de nouveaux schismes et de nouvelles crises bien plus profondes en Europe». Par ailleurs, le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé samedi qu'aucun progrès n'avait été enregistré concernant la volonté de la Suède de rejoindre l'Otan, à l'issue d'une conversation téléphonique avec la Première ministre suédoise Magdalena Andersson.