La bombe, dissimulé dans un cartable, a explosé, cinq minutes après le départ d'un bus d'étudiants archicomble. Le poseur de bombe, qui s'est fait passer pour un des leurs, «a raté son objectif». Il était 8h47 min, quand une déflagration a brisé le calme précaire d'Alger. A la place Maurétania, les passagers, hypnotisés, s'arrêtent et regardent depuis l'Ecole supérieure de commerce. «C'est une bombe!». Cinq minutes plus tard, sur les lieux, on se rend compte que les terroristes viennent de cibler le périmètre réservé aux étudiants à la station des bus de Tafourah. Plus de six étudiants se trouvaient encore allongés à même le sol. Un sol maculé de sang, des cartables et des polycopies le jonchent. Deux blessés attirent l'attention de la foule : une étudiante dont une partie du pied gauche a été arrachée. Dix mètres plus loin, un étudiant, à plat-ventre, n'arrête pas de gémir, les éclats de la bombe ont atteint son pied droit. Les blessés sont vivants.«C'est ici que les terroristes ont posé la bombe», nous dira un étudiant qui se trouvait sur les lieux au moment de l'explosion, il nous montre une fissure d'environ 1 mètre de long sur un peu moins de large. Quelques instants après l'explosion, un cordon de sécurité a été dressé pour permettre à la police scientifique, qui venait d'arriver, de procéder aux investigations nécessaires. Peu de temps plus tard, les ambulances de la Protection civile ont commencé à évacuer les blessés. Depuis 9 h, 14 blessés ont été transférés au CHU Mustapha-Bacha, situé à 5 minutes du lieu du drame. Justement, le lieu et l'emplacement exacts de la bombe ont été choisis pour leur symbolique. Les auteurs de ce crime visaient des étudiants. «C'est après l'explosion de la bombe que j'ai eu la certitude que le type qui se trouvait de l'autre côté de la clôture avait quelque chose à y voir», nous assène une étudiante, témoin du drame. L'individu en question (il s'agit sans nul doute d'un groupe), selon d'autres témoins approchés, portait un cartable et «avait l'air d'un vieil étudiant». En effet, la bombe, qui a déchiqueté au moins deux étudiants, a été dissimulée dans un cartable et posé au pied du mur jouxtant «l'arrêt de Bouzaréah», quelques instants avant son départ. Le poseur de la bombe visait le bus qui relie Tafourah à l'université de Bouzaréah. Le bilan aurait été plus lourd. Une demi-heure après, les étudiants qui regagnaient les instituts, étaient encore sous le choc. Plusieurs d'entre eux se sont évanouis. A vrai dire, ils n'ont pas encore réalisé que les terroristes venaient de commettre un attentat qui a touché plus de 29 d'entre eux, dont 4 évacués en urgence. «Au moins 3 blessés seront amputés», avait lâché un médecin au moment de l'évacuation. Sur le lieu de l'explosion, plusieurs questions par rapport aux motivations des terroristes se posent: la bombe a éclaté à quelques mètres du siège de l'unité des Douanes, des hangars du port, de l'Ecole supérieure de commerce et aussi à quelques mètres des policiers qui régulaient la circulation. Il est tout aussi important de signaler qu'une vague de fausses alertes à la bombe a survolé la capitale. On parlait d'une bombe qui aurait éclaté dans une école à El-Biar, d'une deuxième à l'université de Bab Ezzouar et d'une troisième qui aurait explosé à l'université de Kharrouba. Voulait-on ainsi créer une panique au sein de la communauté universitaire?