De la concorde à la réconciliation nationale, la démarche marque un arrêt pour amender la Constitution. «Jamais deux sans trois», dit la maxime populaire. La tenue du référendum, avant la fin de l'année comme souhaité hier, par le président de la République, sera en effet, la troisième fois depuis 1999, que le peuple algérien est convié à une pareille consultation. Dans son programme présenté lors de la campagne pour l'élection présidentielle du 15 avril 1999, Abdelaziz Bouteflika a inscrit comme priorité le rétablissement de la paix. La démarche est essentielle pour M. Bouteflika qui veut accréditer l'image d'un pays pacifié après dix années d'affrontements sanglants ayant coûté la vie à plus de 150.000 Algériens. Le premier des trois référendums s'est déroulé le 16 septembre 1999. Les électeurs ont entériné par 98% de «oui» le contenu de la loi votée par le Parlement et déterminer leurs positions vis-à-vis de la paix. M.Bouteflika a promis de doter la trêve de l'AIS d'un cadre légal et juridique, c'est fort du succès du référendum sur la concorde civile que plusieurs centaines d'islamistes armés ont quitté armes, enfants et bagages le maquis pour réintégrer la société. Les Algériens entrevoyaient alors les signes d'une paix civile dont il a perdu le goût et la saveur. Parce que cette paix a déserté le pays depuis 1991, date de l'arrêt du processus électoral largement gagné par le FIS dissous. Dans la plupart des sociétés qui ont connu des tragédies épouvantables, crimes et massacres collectifs, il a bien fallu trouver les voies et les moyens d'une réconciliation à la fois politique et affective. Mais le processus du rétablissement de la paix prend énormément de temps. N'étant qu'«un vaccin pour retrouver la Paix, la concorde nationale a nécessité cinq années plus tard un rappel» pour reprendre les propos du président Bouteflika. Et le rappel a été le projet de la réconciliation nationale qui a fait l'objet d'un second référendum. Le président de la République a convoqué le corps électoral pour se prononcer sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale lors de son discours du 14 août 2005. «Conformément aux pouvoirs que vous m'avez conférés, j'ai le privilège de vous convier, (...), à vous prononcer dans le cadre du référendum qui se déroulera le jeudi 29 septembre prochain sur le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui vous est soumis». Les résultats annoncés officiellement ont été sans appel: les Algériens ont révélé une forte adhésion à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale approuvée à 97,36% des suffrages exprimés. Une année plus tard, le peuple algérien sera convié à un troisième référendum. Cette fois-ci il concerne l'amendement de la loi fondamentale du pays. Au sujet de ces référendums qui se suivent, les observateurs font plusieurs lectures. Il y a ceux qui estiment réellement que «c'est une manière de sortir du traumatisme de la guerre», il y a ceux qui pensent qu'il s'agit d'une «quête de légitimation politique au niveau des instances du pouvoir», d'autres par contre, y voient «un compromis, donc un premier pas pour aller vers plus de vérité et de justice et la démocratisation de la société». Les interprétations se chevauchent, s'achoppent et s'entrechoquent. Il ressort en définitive que M.Bouteflika peut s'estimer conforté dans sa démarche.