Le retour des brigades de gendarmerie en Kabylie est de plus en plus à l'ordre du jour. Ce corps de sécurité carrément absent du terrain durant les longues années ayant suivi les douloureux événements du Printemps noir, ne laisse pas indifférent aussi bien les citoyens que les politiques locaux et notamment les archs. Ces derniers, demandant à cor et à cri le départ des gendarmes de Kabylie, restent accrochés à leur exigence première et surtout exigent le jugement par des tribunaux civils de ceux qu'ils appellent «les gendarmes assassins». Certes, comme dans tout corps de l'Etat, et principalement ceux chargés de la sécurité des biens et des personnes, des «brebis galeuses» s'y étaient infiltrées, mettant en porte-à-faux avec la population ce corps de sécurité. Mais les choses semblent avoir bougé quelque peu et les responsables de la gendarmerie affirment «avoir procédé au renouvellement des effectifs» et donc à la mise à l'écart des éléments ayant eu maille à partir avec la population. Si les archs s'en tiennent à leur ancien mot d'ordre de mise en quarantaine, les choses sur le terrain semblent d'une autre nature. Avec la multiplicité des vols, agressions et autres dérapages constatés, les choses semblent évoluer vers d'autres positions. La police, qui s'est déployée, essaie d'assurer une certaine tranquillité aux populations mais il est vrai que, jusqu'à maintenant, il existe encore des communes dénuées de poste de police et, les populations, pratiquement livrées à elles-mêmes, demandent leur droit à la sécurité. Bien des communes sont actuellement, et dans le meilleur des cas, dépourvues de services de sécurité, mis à part des détachements de police communale qui ne semblent pas encore formés pour la lutte contre le banditisme. Le fléau que connaît la région avec l'apparition des extorsions de fonds liées aux enlèvements de personnes, sans compter les vols, les faux barrages et les visites nocturnes des monte-en-l'air, etc. militent pourtant pour le renforcement des services de sécurité ; les campements militaires ayant d'autres prérogatives. Il reste que, devant le retour annoncé des brigades en Kabylie, les gens restent circonspects. Sinon, le reste de la population attend en observant et en se demandant de quoi demain sera fait! Le retour ou le non-retour des gendarmes n'est pas, à proprement parler, le sujet qui est le plus abordé par les citoyens qui ont d'autres chats à fouetter. C'est surtout les problèmes de la quotidienneté qui occupent les esprits avec un chômage de plus en plus important et des horizons qui se ferment un à un devant les jeunes gens. La Kabylie attend plus de réalisations économiques et une véritable lutte contre les fléaux sociaux qui sont autant d'armes contre le banditisme et les déviations de toutes sortes.