«Materazzi m'a traité de fils de p...terroriste» Le monde était accroché à ses lèvres et il a parlé. Il avait des choses à dire sans chercher à s'étaler, juste pour donner sa version des faits. Zineddine Zidane s'est, donc, enfin, exprimé depuis l'incident qui a fait la une de tous les journaux de la planète de dimanche dernier lorsque dans un accès de colère il était allé donner un coup de tête dans le torse du joueur italien Marco Materazzi lors de la finale de la Coupe du monde, un geste qui lui avait valu une exclusion du terrain alors qu'il ne restait plus que huit minutes à disputer. L'exclusivité de sa version des faits, il l'a accordée, hier soir, à la chaîne cryptée de télévision française Canal+. Cela s'est passée au cours d'une interview au cours de laquelle le Franco-Algérien s'est excusé d'avoir asséné un coup de tête à Materazzi tout en affirmant qu'il venait d'être insulté avec des «mots très durs». Il a, cependant, ajouté qu'il ne «regrettait pas son acte». Ce dernier aveu laisse supposer que Zidane a dû être vraiment ébranlé par les propos de l'Italien. Du reste, interrogé sur la teneur exacte des propos de Materazzi, Zidane a indiqué que «c'étaient des choses très personnelles, cela touche à la maman, à la soeur. Il dit des mots, des mots qui sont très durs et il les répète plusieurs fois. Vous les écoutez une fois, vous essayez de partir. C'est ce que je fais parce que je m'en vais en fait. Vous écoutez deux fois, et puis la troisième fois...» Zidane est revenu sur les circonstances exactes de l'incident survenu à la 110e minute de la rencontre qui a provoqué son expulsion. «Il n'y avait pas de contentieux avant (avec les Italiens) même s'il y avait des frictions avec des joueurs, a-t-il indiqué. C'est le jeu, c'est comme cela de toute façon depuis toujours, notamment dans une finale de Coupe du monde. C'est juste au moment où il y a ce tirage de maillot. Je lui dis de s'arrêter de me tirer le maillot. Que s'il le veut, je le change à la fin du match. Là il dit des mots, des mots qui sont très durs et il le répète plusieurs fois, a ajouté Zidane. Des mots qui sont parfois plus durs que les gestes. C'est quelque chose qui, de toute façon, se fait très vite. Ce sont des mots qui me touchent au plus profond de moi.» Quand on lui demande si quelques jours plus tard il éprouve des remords pour ce qu'il a fait, Zineddine répondra: «Je ne peux pas regretter mon geste car cela voudrait dire qu'il avait raison de dire tout cela. Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas dire cela. Et non, il n'a pas raison de dire ce qu'il a dit.» Ses regrets sont commandés par l'image qu'il véhicule auprès des millions d'enfants de la planète. Nul n'ignore les actions caritatives qu'il mène en faveur de nombreuses associations de bienfaisance, notamment celles qui s'occupent des enfants et tout particulièrement des enfants malades. En tant que star du football international, il est l'idole que chaque jeune voudrait imiter et en ce sens sa réaction en finale de la Coupe du monde pouvait servir de très mauvais exemple ce que plusieurs associations en charge de l'éducation des jeunes ont mis en exergue. C'est en réponse à ces dernières qu'il a demandé des excuses. «Je m'en excuse auprès des enfants qui ont regardé cela, a-t-il déclaré à ce sujet. Mon geste n'est pas pardonnable (...). Bien sûr que ce n'est pas un geste à faire. Je tiens à le dire haut et fort parce que cela a été vu par deux-trois milliards de téléspectateurs et des millions et des millions d'enfants qui ont regardé cela.» «Forcément auprès d'eux, je m'en excuse , a ajouté Zidane et aussi aux personnes et aux éducateurs qui sont là pour éduquer ces enfants et leur montrer les choses à faire et à ne pas faire.» Intervenant sur le problème lié à l'intervention de la Fifa qui demande une enquête disciplinaire à son encontre, Zidane se dira «prêt à redire ce que je viens de déclarer. Je ne refuse pas une telle enquête. J'espère seulement qu'elle fera la part des choses en reconnaissant que s'il y a eu réaction c'est parce qu'il y a eu provocation. C'est bien de dire que mon geste est impardonnable, cela je l'admets, mais il faudrait aussi que l'on se penche sur ce qui le provoque. Le provocateur doit-il être oublié ou négligé? Je ne suis tout de même pas assez fou de réagir de la sorte alors que je suis à dix minutes de ma retraite. J'espère, donc, que mon cas servira à poursuivre tous ceux qui passent leur temps à provoquer, par des propos malveillants, les autres joueurs. Il faut sanctionner le vrai coupable, et le coupable, c'est celui qui provoque». La question de savoir si les insultes étaient à caractère raciste ne lui a pas été posée. Il a été interrogé pour savoir si la réalité «recoupait» ce qu'avaient rapporté les tabloïds anglais qui, s'appuyant sur des spécialistes en lecture labiale, ont accusé l'Italien d'avoir dit: «On sait tous que tu es le fils d'une pute terroriste». Zidane a juste répondu: «Ben oui». Cette déclaration du Franco-Algérien tombe à pic pour clore le bec à tous ceux qui ont eu l'ingratitude de le condamner pour son geste alors qu'ils étaient les premiers à le supplier de rempiler avec l'équipe de France lorsque celle-ci était au bord du gouffre lors des qualifications à la Coupe du monde. Il y a, heureusement, eu le président de la République française, M.Jacques Chirac, qui, dans sa grande noblesse, a tenu à témoigner à Zidane «la reconnaissance, le respect et l'affection de la Nation tout entière».