La confrontation terrestre reste l'unique issue pour l'armée israélienne, hantée par son enlisement en 1982, d'en finir avec les troupes du Hezbollah qui s'est préparé pour une guerre d'usure et de longue haleine. L'aviation israélienne s'est attaquée, hier, dixième jour de l'agression, à Baalbek, ville dont les sites historiques sont classés par l'Unesco patrimoine de l'humanité et le secteur de Tyr (83 km au sud de Beytouth), faisant cinq victimes parmi les civils. Un chiffre qui vient s'ajouter au bilan macabre des attaques de l'armée israélienne qui a fait, jusqu'à hier après-midi, 339 morts, en majorité des civils, et quelque 1000 blessés parmi les populations. Faisant la sourde oreille aux appels à la fin des hostilités lancés par la communauté internationale, Israël intensifie ses meurtres et tente de casser la structure économique du Liban. Les frappes ont, cette fois aussi, visé des objectifs civils dont une station-service, une école, un centre agricole et un centre de loisirs. La riposte du Hezbollah ne s'est pas fait attendre. Des salves de roquettes se sont, aussitôt, abattues sur le nord d'Israël dont Haïfa, la troisième ville du pays, faisant 19 blessés. Concrétisant ainsi les menaces de représailles lancées la veille par le leader du Hezbollah, Nasrallah, qui avait promis à l'Etat hebreu bien des surprises s'il ne cessait pas son agression. Des représailles qui ont fait déjà quelque 33 victimes israéliennes. Jeudi dernier, de nouveaux accrochages entre Hezbollah et soldats israéliens avaient eu lieu en territoire libanais faisant 8 morts dont 4 soldats israéliens. La multiplication des accrochages à la frontière du Sud-Liban avec Israël avait été qualifiée par le Hezbollah comme étant une tentative ennemie de tester sa capacité militaire en vue d'une éventuelle invasion terrestre. Une alternative qui fait passer des nuits blanches à l'état-major de Tsahal qui craint l'enlisement du fait qu'il ignore le degré de la force de feu de l'armée de résistance qui s'est déjà distinguée par le kidnapping de deux de ses soldats, ses performances à atteindre en profondeur les villes israéliennes et sa riposte sur le front maritime qui a réussi à tenir à l'écart sa flotte. Sa mésaventure lors de l'invasion de 1982 dans le Sud-Liban est encore vivace dans l'esprit de ses troupes chassées de force d'un territoire annexé, malgré une impressionnante armada militaire. La confrontation au sol est souhaitée, aussi bien par le Hezbollah que par l'armée régulière du Liban qui est restée, jusque-là, en retrait des opérations malgré les bombardements dont elle fut la cible. Une éventualité à ne pas écarter dans les prochains jours au vu des forces expansionnistes concentrées tout au long des frontières entre les deux pays. Tant qu'Israël n'a pas atteint ses objectifs militaires qui consistent à neutraliser le Hezbollah et démilitariser le Liban, le cessez-le-feu ne peut être à l'ordre du jour. L'évacuation de ressortissants étrangers, essentiellement ceux dont les Etats ont une relation avec les soutiens d'Israël, est un indicateur de l'extension probable du conflit. La confrontation terrestre reste l'unique issue pour l'armée israélienne d'en finir avec les troupes du Hezbollah qui s'est préparé pour une guerre de longue haleine. Une guerre d'usure qui n'arrange pas les affaires d'Israël. Encore moins celles de ses soutiens et parrains.