Voyageur dans l'âme, ses multiples escapades lui ont permis de rencontrer de nouvelles cultures. «Couleurs et mémoires», une exposition rétrospective de l'artiste peintre Abderrahmane Kahlane, a été inaugurée, dimanche à Alger, restituant à travers plusieurs thèmes dans les formes et les volumes de différents supports, trente ans d'une carrière jalonnée de succès. Visible jusqu'au 5 février à la galerie Frantz-Fanon de l'Office Riyadh El Feth (Oref), la deuxième édition de cette exposition se présente comme une immersion au fond de soi et le bilan d'une carrière prolifique, à travers une sélection d'oeuvres issues de différentes expositions, constituant une synthèse du riche parcours de l'artiste. Dans une vision novatrice au regard frais, Abderrahmane Kahlane restitue au visiteur dans un élan original et singulier, l'antique dans des formes revisitées empreintes de modernité. Donnant libre cours à sa créativité en perpétuel foisonnement, l'artiste plasticien autodidacte, a choisi de donner de la visibilité à une trentaine de ses toiles de petits, moyens et grands formats, entre anciennes et nouvelles, réparties en sept thématiques évoquant essentiellement, le patrimoine, la spiritualité, la tradition ancestrale ou encore la casbah d'Alger, à travers ses constructions et ses portes. Parmi les pièces exposées, entre tableaux encadrés sous verre et oeuvres en toile, «Porte de la Casbah», «Hora (2)», «Hommage à Mohamed Racim», ou encore «Hommage à Tahar Kahlane», ainsi que de «belles poésies muettes» restituant des maisons de la casbah d'Alger qui se soutiennent les unes les autres. Usant de techniques mixtes qui mettent en valeur l'intensité lumineuse des couleurs utilisées, à l'instar du «vert» et de l'»orange» vifs, ou encore du bleu, cette belle couleur, fruit d'une longue recherche réalisée à base de pigment azur, certaines toiles sont «fluorescentes et brillent dans l'obscurité», explique l'artiste. D'autres tableaux faits à l'acrylique et aux feuilles dorées, expriment une autre vision de l'artiste chez qui, le visiteur averti constate de prime abord un croisement de courant et d'écoles de peinture. «Je ne m'inscris dans aucun courant artistique et ma créativité est nourrie de toutes les écoles des arts visuels», précise l'artiste. Une dizaine d'ustensiles d'utilité domestique auxquels Abderrahmane Kahlane a offert une seconde vie, sont présentés dans de belles couleurs, à l'instar du tajine, quelques grandes assiettes et des couscoussiers, devenus des réceptacles de couleurs vives, symbole de nourritures de l'esprit. Artiste plasticien accompli, Abderrahmane Kahlane a été initié jeune à l'art. Voyageur dans l'âme, ses multiples escapades lui ont permis de rencontrer de nouvelles cultures, d'acquérir de nouvelles visions et de réaliser des travaux remarquables inspirés d'ici et d'ailleurs.