L'Algérie a célèbré, hier, le 152ème anniversaire de l'insurrection de cheikh Aheddadh, dont la commémoration coïncide avec le 8 avril 1871. Cet événement historique est vu par les historiens de la période coloniale en Algérie, comme une ligne de démarcation qui a su poser les jalons d'une nouvelle étape quant à la libération du pays du joug colonial français. La dimension nationale de l'insurrection qui portait le nom d'El Mokrani et de son frère, Boumezrag, avait comme objectif de réunir l'ensemble des tribus autour d'une démarche commune visant à déboulonner le colonialisme français et sa soldatesque, qui excellait dans son oeuvre barbare contre les autochtones. La jonction de tous les efforts s'imposait afin de pouvoir réunir les conditions d'un soulèvement à même de dépasser et sortir de la sphère géographique initialement délimitée. Muhand Amezyan Aheddadh, dit Cheikh El Haddad, C'était lui le chef spirituel dudit soulèvement, qui a su drainer des centaines de milliers de combattants de toutes les tribus pour se dresser contre la mainmise française sur le territoire algérien. Selon l'historien Idir Hachi, un spécialiste de l'insurrection de Cheikh El Haddad, a souligné, à propos de l'événement, que «l'appel a enrôlé pour la cause, quelque 800 000 personnes dont 200 000 combattants armés, pour une population atteignant à peine 2,5 millions d'âmes. L'opposition a duré près d'une année et porté des coups sévères à l'armée coloniale laquelle, pour la contrer, a dû mettre en action plus de 80 000 soldats et une répression sans pareil, tuant, brûlant et mettant aux arrêts des centaines de personnes dont bon nombre ont été déportés au bagne de la Nouvelle-Calédonie dont les enfants de cheikh Aheddadh, Aziz et M'hand», et d'ajouter: «L'appel à la révolte, lancé solennellement le 8 avril 1871 par cheikh Aheddadh, au cours d'une harangue à la place du marché de Seddouk, où il a soutenu l'idée de «jeter les Français à la mer», a eu un écho phénoménal dans presque tout le pays, notamment à Sour El Ghozlane et jusque dans le Constantinois», a Affirmé l'historien Idir Hachi, dans son livre: 1871, une levée en armes pour l'honneur de la patrie. La portée de l'insurrection a dépassé les «Bibans» pour embraser la majorité des régions limitrophes comme signe d'engagement de l'ensemble des autochtones à la cause de la libération du pays, après l'appel solennel lancé par cheikh Aheddadh. Il s'est allié aux El Mokrani pour mettre un terme à la domination coloniale française qui a imposé la loi de la terreur sur les autochtones. Cette alliance a su attirer des centaines de milliers d'Algériens pour évincer l'ennemi du pays. L'historien français Robert Charles Ageron, spécialiste de la colonisation française en Algérie, a traité de cette page de l'histoire de l'insurrection de cheikh Aheddadh, en faisant même un bilan des pertes et du degré de la barbarie exercée par l'administration coloniale française. Dans ce sens, ledit historien français a déclaré que «l'opération a été accompagnée, par ailleurs, de la confiscation et de la séquestration de 2,5 hectares de terres appartenant aux autochtones», a-t-il expliqué. Les chercheurs et les historiens s'accordent tous à dire que «l'insurrection de cheikh Belhaddad, de son vrai nom, ou Cheikh Aheddadh, comme il est connu populairement, dont la commémoration était prévue, hier, est venue donner un coup de fouet aux soulèvements antérieurs, notamment ceux de l'émir Abdelkader (1932-1947), d'Ahmed Bey, des Zaâtcha, de la Dahra, en 1845, conduite sous la férule de Cheikh Boubaghla, Lalla Fadhma N'soumer et Ouled Sidi Cheikh, qui se sont succédé de 1846 à 1870. Elle a également intensifié l'engagement patriotique envers la nation, grâce à une mobilisation jamais égalée», note-t-on. La révolte de cheikh Aheddadh rappelle que le peuple algérien s'est toujours soulevé contre les envahisseurs et que la défense de la patrie relève d'une tradition ancestrale où le caractère hostile à l'étranger, colonisateur, fait partie de la personnalité des gens de cette terre irriguée du sang des martyrs, depuis la nuit des temps.