Ansar El-Mahdi avait pour projet l'enlèvement de deux ministres et d'un secrétaire d'Etat marocains. Après le démantèlement du réseau terroriste marocain Ansar El Mahdi, du désormais célèbre Hassan Khattab, les enquêteurs lèvent, peu à peu, le voile sur les intentions du groupe. Ainsi, une révélation faite avant-hier soir par le ministère marocain, fait ressortir le grand péril terroriste qui guette le Royaume. Il a, en effet, été établi que parmi les trois femmes arrêtées pour activités terroristes présumées, deux étaient mariées à des pilotes de ligne de la compagnie Royal Air Maroc. Une source sécuritaire avait indiqué que trois femmes avaient été interpellées, à la fin de la semaine dernière, à Casablanca, dans le cadre de l´enquête sur le réseau terroriste Ansar El Mahdi, dont le ministère avait annoncé le démantèlement au début d´août. «Les trois femmes ont apporté, selon les investigations entreprises suite au démantèlement de cette cellule, une assistance financière au dénommé Hassan Khattab et aux autres membres de la cellule Ansar Al Mahdi pour la réalisation de leurs projets terroristes», souligne un communiqué du ministère de l'Intérieur. Cette information a provoqué un véritable «séisme» dans les sphères dirigeantes marocaines, et notamment les services de sécurité. Et pour cause, la relation entre ces deux femmes et des pilotes de ligne a provoqué une réunion à Rabat à laquelle ont participé trois ministres, trois généraux, le chef des renseignements militaires, celui de la direction de la surveillance du territoire (DST) ainsi que le P-DG de la compagnie aérienne marocaine RAM, Driss Benhima. Cette réunion, de très haut niveau dans la pyramide décisionnelle marocaine, montre à quel point le sujet est pris au sérieux. Une «évaluation du dispositif de sécurité mis en place au niveau des aéroports du royaume», a été faite par les participants à cette rencontre. Il a, également, été convenu de «renforcer la coordination entre les différents intervenants au niveau des aéroports», d´assurer la fluidité du transit tout en garantissant «un contrôle de sécurité efficace». La probabilité d'un détournement d'avion ou d'un attentat dans un aéroport, semble inquiéter au plus haut point le régime marocain. A tel point, d'ailleurs, que le P-DG de la RAM a été instruit d'«exhorter ses services à redoubler de vigilance», souligne le texte du ministère de l'Intérieur. Par ailleurs, des sources policières marocaines ont révélé, hier, que Ansar El-Mahdi avait pour projet l'enlèvement de deux ministres et d'un secrétaire d'Etat marocains. Les terroristes présumés visaient Mohamed El Yazghi, chef de l´Union socialiste des forces populaires (Usfp) et ministre de l´Aménagement du territoire, Fathallah Oualalou, ministre des Finances, et Mohamed El Gahs, secrétaire d´Etat à la Jeunesse, affiliés au même parti, soulignent les mêmes sources. En plus des ministres, ce sont deux parlementaires d'obédience socialiste qui étaient également les cibles de Ansar El-Mahdi. Cette organisation a eu accès aux agendas de toutes ces personnalités politiques grâce aux «tuyaux» fournis par un officier de police âgé de 36 ans. Impliqué dans cette affaire, le policier, révèlent ces sources, a constitué la liste des membres du gouvernement socialiste ciblés par le réseau terroriste, à l'exception du ministre des Finances. Le réseau Ansar El Mahdi a chargé, en 2005, cet officier de police de dresser une liste de hautes personnalités civiles et militaires à capturer. Cette «méga-opération» d'enlèvement de politiques est une façon de procéder quelque peu nouvelle au sein des groupes terroristes islamistes. Mais ce qui a motivé Ansar El-Mahdi à exécuter son plan, c'est l'hostilité affichée par les dirigeants socialistes au mouvement islamiste marocain. Le ministre de l´Intérieur, Chakib Benmoussa avait indiqué le 24 août (avant l´interpellation des trois femmes), que le réseau Ansar El Mahdi comptait 52 membres dont cinq militaires, trois gendarmes et un officier de police. Selon M.Benmoussa, cette organisation comptait «annoncer le jihad dans les montagnes du nord marocain, attaquer des cibles sensibles, des intérêts étrangers et des personnalités marocaines, parce qu´elles symbolisent l´Etat ou pour des raisons d´ordre moral».