L'entraîneur portugais estime que la discipline dans le jeu est le gros point noir du footballeur algérien. Le moins que l'on puisse dire à propos de la JSM Béjaïa est que son démarrage dans le championnat de la division1 n'a pas été couronné du succès escompté. Lorsqu'on se fait tenir en échec à domicile, il y a de quoi faire grise mine. Surtout quand vous savez que l'adversaire qui vous a été proposé ne figure pas dans la liste des gros calibres de la compétition. Cela peut paraître dur pour l'OMR, l'adversaire en question, mais force est de reconnaître que cette équipe ne peut avoir la renommée d'une JSK, d'une USMA ou d'un MCA. Seulement, même si dans toute logique sportive l'objectif essentiel est la victoire, on ne doit pas dire qu'il y a forcément échec lorsque cette victoire n'est pas enregistrée. Il existe d'autres paramètres dans une confrontation sportive qui font que des motifs de satisfaction peuvent être mis en valeur. A ce titre, la sortie de la JSMB jeudi dernier n'a pas été entièrement négative sous prétexte que cette équipe n'a pas gagné. Du reste, cette victoire n'a pas tenu à grand-chose. Un tout petit but aurait transformé le match de la JSMB en une grande performance. Et ce but la formation béjaouie aurait mérité de l'inscrire tant sa domination a été évidente face à une équipe anasrie qui était venue pour se défendre. «Je préfère garder du match que mon équipe a fait le jeu, est allée de l'avant et a terminé la partie dans un excellent état sur le plan physique», nous a dit Eurico Gomes, l'entraîneur du Onze béjaoui en fin de match. Et d'ajouter: «évidemment nous avons raté la victoire mais il ne faut pas oublier que nous avons eu affaire à une formation qui a refusé le jeu. Je crois que contre une équipe du calibre de la JSK ou de l'USMA, qui viennent ici pour gagner, la JSMB s'exprimera nettement mieux car ce sont des adversaires qui vont ouvrir le jeu. D'ailleurs même en déplacement, il faudra attendre la JSMB car en la circonstance elle trouvera plus d'espaces.» Le coach portugais fera, également, le procès de l'état du terrain du stade de l'Unité maghrébine. «On va croire que je cherche des excuses, nous dira-t-il à ce sujet. Je ne crois pas qu'un tel terrain soit fait pour aider l'équipe qui fait le jeu et qui domine. Lorsque vous amorcez une offensive, il y a soit un trou, soit une motte de terre qui vous sabote votre action. Cela aide l'adversaire surtout lorsqu'il est en position de défense à outrance. A ce propos je voudrais attirer l'attention des responsables du football algérien pour leur dire que ce n'est pas avec de la pelouse synthétique qu'ils réussiront à élever le niveau du football algérien. Je viens du Portugal qui n'est certainement pas un pays parmi les plus riches d'Europe. Chez nous, vous avez remarqué que la formation porte ses fruits parce qu'il y a une véritable politique en faveur des jeunes catégories. Celles-ci bénéficient d'infrastructures où l'état des pelouses naturelles est au top. C'est pourquoi je me dois de dire que le football algérien, au vu du talent inné de ses jeunes éléments, mérite des terrains autres que ceux qui lui sont proposés actuellement. Zidane est bien d'origine algérienne. Il a seulement évolué dans un milieu, celui de la rigueur professionnelle européenne, pour atteindre le niveau qui est le sien, celui de meilleur joueur du monde. Je peux aussi parler de Rabah Madjer que j'ai côtoyé. Lui a été formé à la base par le système algérien. Il avait des qualités en venant au Portugal mais également des défauts propres aux joueurs de chez vous. Quand il s'est adapté à la rigueur du FC Porto, il est devenu le grand artiste du ballon rond que nous avons connu, assurément l'un des plus grands joueurs qui aient joué dans le championnat portugais. Vous allez me prendre pour un fou mais je tiens le pari que si cette équipe de la JSMB s'inscrivait dans le championnat portugais elle s'en sortirait. Pourquoi? Tout simplement parce que les joueurs qu'elle possède ont de bonnes qualités mais au Portugal ils devront faire en sorte de se comporter en véritables professionnels et non pas comme ici où tout leur est permis même les futilités. Ils sautent par exemple des entraînements pour des riens alors qu'en Europe au lieu de se focaliser sur ces riens on continue à s'entraîner». Cela fait six semaines que Gomes est parmi nous que déjà il fait un constat sur notre football, «un football qui recèle des potentialités chez les jeunes hélas inexploitées par manque de moyens. J'aurais compris cela s'il s'agissait d'un autre pays mais pas l'Algérie qui est largement capable de surmonter le handicap des infrastructures. Lorsque j'apprends que votre équipe nationale n'a même pas un centre pour elle, comment voulez-vous qu'elle progresse et qu'elle réalise de bons résultats? Nous sommes allés nous préparer à Ain Draham en Tunisie. Il y avait là quatre terrains en altitude et de très bonnes conditions pour se préparer. Citez-moi un seul centre pareil en Algérie. Et je crois qu'entre l'Algérie et la Tunisie sur le plan des richesses il n'y a pas photo. L'Algérie est loin devant». Et Gomes de terminer: «Je suis sûr que votre football finira par se relever. Si l'accent est mis sur la formation, si l'essentiel des efforts est axé sur les jeunes catégories, il deviendra aussi fort qu'il l'était dans les années 80 car chez vous le talent est inné. En tout cas c'est le discours que je tiens à Béjaïa où je me dois de reconnaître que j'ai rencontré des dirigeants connaisseurs et décidés à faire de ce club un modèle dans le football algérien».