En visite hier en Arabie saoudite, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken va consacrer, durant trois jours, ses efforts à un renforcement des relations entre Riyadh et Washington, au moment où les deux pays travaillent de concert pour trouver une issue à la crise au Soudan. Mais le principal objectif concerne, outre le partenariat stratégique, des dossiers essentiels pour l'administration Biden, notamment ceux de l'Iran, de la Syrie et du processus de normalisation entre l'entité sioniste et des pays arabes. Ce dernier enjeu, ouvert par Donald Trump et son quatuor de conseillers conduit par son gendre Jared Kushner, artisan zélé de la colonisation sioniste dans les territoires palestiniens occupés, est poursuivi par les démocrates qui aimeraient bien briser le verrou entre Riyadh et le gouvernement le plus extrémiste d' Israël. Signe édifiant de cette politique uniforme, les crimes au quotidien de l'armée sioniste, à El Qods et en Cisjordanie occupée, ainsi qu'à Ghaza soumise à un blocus inhumain depuis plus de quinze ans, ne semblent pas gêner aux entournures la diplomatie américaine qui, a consenti, cependant, quelques communiqués appelant à la «retenue» les dirigeants sionistes. Des appels de pure forme comme ceux de la communauté internationale qui détourne pudiquement les yeux de la scène palestinienne où les crimes sionistes sont légion, depuis Sheerin Abu Akleh à l'enfant de 3 ans, victime des tirs des soldats hébreux, voici trois jours à peine. Intervenant lundi devant le lobby sioniste américain AIPAC, à Washington, Blinken a expliqué avoir «un vrai intérêt de sécurité nationale à promouvoir une normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite». Sa visite intervient dans un contexte marqué par la reprise des relations diplomatiques saoudiennes avec l'Iran ainsi que le retour de la Syrie dans la Ligue arabe. Le premier événement résulte d'une médiation chinoise spectaculaire tandis que le second découle du sommet arabe d'Alger et non, comme disent certaines parties, de celui de Djeddah où le fait majeur avait trait à l'invitation-surprise du président ukrainien Volodymyr Zelensky. La diplomatie algérienne a marqué de son empreinte le sommet historique du 1er novembre 2022, tant avec la réhabilitation de la Syrie que par la reconnaissance de la centralité de la cause palestinienne dans la politique arabe commune. Blinken, instruit de toutes ces données, ne peut ignorer le fait que l'Arabie saoudite, en tant que gardien des Lieux saints de l'Islam dont l'esplanade des Mosquées, à El Qods-Est illégalement occupée, est comptable de sa politique envers l'Etat hébreu auprès de la nation arabe tout entière et de la communauté musulmane, dans son ensemble. Toute normalisation ne peut se faire que sur la base de l'offre de la paix contre la terre, signifiée par la Ligue arabe en... 2002 et dont on voit bien que les gouvernements sionistes successifs n'ont que faire. Leur appétit expansionniste se nourrit du sang des martyrs palestiniens, dans l'indifférence de la communauté internationale et le deux poids, deux mesures du monde occidental, si prompt à s'émouvoir pour d'autres évènements. Les accusations de violation des droits humains étant «oubliées», Washington cherche donc à raffermir des relations compliquées avec Riyadh dont le rôle-clé au Moyen-Orient reste incontournable en matière de coopération stratégique. Par-delà, la visite passera aussi par des discussions avec les cinq autres pays membres du Conseil de coopération du Golfe, autour des «enjeux» en Irak et en Syrie.