Le président russe Vladimir Poutine s'est vigoureusement dressé hier contre la «trahison» du chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Progojine, en pointant le risque de «guerre civile». L'armée russe a commencé à mener «des actions opérationnelles et de combat nécessaires» dans la région de Voronej, frontalière de l'Ukraine, à quelque 600 km au sud de Moscou, a déclaré sur Telegram le gouverneur régional, Alexandre Goussev. En complet noir, l'air grave et le ton martial, le chef du Kremlin, qui fait face à un défi sans précédent depuis son arrivée au Kremlin fin 1999, s'est adressé à 07h00 GMT sans le nommer à l'homme qui ose le défier, accusant «les traîtres» à la nation russe et promettant de les «punir».»C'est un coup de poignard dans le dos de notre pays et de notre peuple», a déclaré Poutine dans une adresse à la nation. «Ce à quoi nous faisons face, ce n'est rien d'autre qu'une trahison. Une trahison provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels» de M. Prigojine, a-t-il affirmé. Poutine «se trompe profondément» et ses combattants ne se «rendront pas», a rétorqué le chef de Wagner.»Nous sommes des patriotes. Personne ne va se rendre à la demande du président, des services de sécurité ou de qui que ce soit», a ajouté Prigojine qui s'en prend pour la première fois au chef du Kremlin. Plus tôt, Prigogine avait affirmé tenir le quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires. A noter que Voronej se trouve à mis chemin entre Moscou et Rostov. Pour contrebalancer cette rébellion ouverte, les dirigeants des deux chambres du Parlement ont appelé à soutenir «la consolidation des forces» ainsi que le «président Vladimir Poutine, le commandant en chef», a déclaré sur Telegram le président de la chambre basse, Viatcheslav Volodine.»La force» de la Russie réside dans «l'unité (...) et notre intolérance historique pour les trahisons et les provocations», a renchéri la présidente de la chambre haute, Valentina Matvienko. Les dirigeants dans les régions de Donetsk et de Lougansk (est), ainsi que Zaporijjia et Kherson (sud) ont fait de même, déclarant que leurs régions respectives sont «avec le Président!» Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité à Moscou où le «régime d'opération antiterroriste» vient d'être instauré, conséquence directe de la menace de Prigogine qui avait lancé dans un message audio sur Telegram: «On continue, on ira jusqu'au bout» et «nous détruirons tout ce qui sera mis sur notre route». Le procureur général russe Igor Krasnov a informé le président Vladimir Poutine «de l'ouverture d'une enquête pénale en lien avec la tentative d'organiser une mutinerie armée», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Dans plusieurs messages audio, le patron de Wagner avait auparavant affirmé que des frappes russes avaient fait un «très grand nombre de victimes» dans ses rangs.»Ils ont mené des frappes, des frappes de missiles, sur nos camps à l'arrière. Un très grand nombre de nos combattants ont été tués», a-t-il dit, accusant le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, d'avoir ordonné ces attaques. Ces accusations «ne correspondent pas à la réalité et sont une provocation», a rétorqué le ministère de la Défense. Le FSB (forces de sécurité) a appelé les combattants de Wagner à arrêter leur chef. Et un influent général russe, Sergueï Sourovikine, a exhorté les combattants de Wagner à renoncer à leur révolte. A Washington, la Maison Blanche a dit suivre de près la situation. Hier, l'Union européenne, a fait valoir qu'elle «surveille de près la situation» et qu'elle est «en contact» avec les puissances du G7. La Russie a affirmé hier que les forces ukrainiennes se préparaient à attaquer près de la ville de Bakhmout (est de l'Ukraine), en «profitant» du chaos provoqué par l'appel du chef du groupe Wagner au soulèvement.» Profitant de la provocation de Prigojine pour déstabiliser la situation, le régime de Kiev regroupe des unités des 35e et 36 brigades d'infanterie de marine pour des actions offensives», dans la zone de Bakhmout, a indiqué le ministère russe de la Défense, ajoutant frapper les forces ukrainiennes avec l'aviation et l'artillerie. Erdogan exprime son «plein soutien» à Poutine Le président russe Vladimir Poutine a reçu, hier, le «plein soutien» de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, lors d'un entretien téléphonique consacré à la rébellion armée du groupe Wagner en cours en Russie, a déclaré le Kremlin. Lors de son entretien avec Erdogan, qui a survécu à une tentative de putsch en 2016, Poutine a «donné des informations sur la situation dans le pays en lien avec une tentative de rébellion armée», selon un communiqué du Kremlin. Le président turc «a exprimé son plein soutien pour les mesures prises» par Poutine, d'après la même source.