Désobéissance d'un côté et entêtement de l'autre, le fossé s'élargit. Le feuilleton Ugta/SGP se poursuit depuis lundi dernier, laissant la porte grande ouverte à toutes les hypothèses. Les fédérations de l'Ugta n'envisagent pas de lâcher du lest, concernant la hausse des salaires qu'ils avaient défendue depuis avril dernier. Les discussions sont en cours avec, au moins, deux fédérations en perte de vitesse. Il s'agit de celles du commerce et du tourisme, ainsi que la fédération des métallos, piqués au vif, mardi, par des expressions embarrassantes de Boualem Bouzidi, chargé des conflits sociaux à l'Ugta. Elles (les discussions) n'ont pas encore abouti, ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait que, depuis avril, les SGP serraient de plus en plus les vannes pour ne laisser échapper, au bout du compte, que quelques centimes. La difficile bataille pour les employés du secteur touristique devrait aboutir, à tout prix, à un résultat palpable, à en croire Ali Mezioud, SG adjoint de la fédération. Contacté, hier, par nos soins, ce dernier affirme que la première séance avec la SGP Gistour, tenue mardi soir, a été l'occasion d'examiner la proposition de chaque partie. Il n'est plus question de tourner autour du pot. En termes clairs, excepté les six unités hôtelières complètement déstructurées, toutes les entreprises sont en bonne santé financière. C'est la base sur laquelle s'appuie la conviction des salariés des entreprises touristiques. Deux de leurs revendications demeuraient en suspens. Il s'agit, primo, de la revalorisation salariale dans le cadre d'une convention de branche, et secundo de la prise en charge du travailleur après la fermeture et/ou privatisation d'une entreprise. Selon Mezioud Ali, la SGP Gistour a fait une proposition d'augmentation allant de 5 à 20%, selon le bénéfice de chaque entreprise. Gênées, semble-t-il, par la cascade de reproches, les SGP commencent à reprendre du poil de la bête. Pourvu que cela soit concret. Les syndicalistes revendiquent une fourchette applicable à l'ensemble du secteur du tourisme et un débat spécifique pour les entreprises déstructurées. «Nous prenons les bilans exposés avec précaution, car ceux-ci ont été faits en milieu de saison. Mais nous sommes quand même optimistes pour cette fois-ci», explique, à nouveau, Ali Mezioud. Sur la défensive, après les tirs au vitriol des syndicalistes de l'Ugta et certains partis politiques, les SGP se redressent, paraît-il, à petites doses, si ce n'est que de la poudre aux yeux. Fausse bonne nouvelle ou timide espoir d'une revalorisation salariale? Il faudra croire les syndicalistes négociateurs, sinon attendre le 17 du mois courant, dernier délai fixé aux traînards. Chez les métallos, les négociations avec les cinq SGP+Snvi s'enveniment. Les revendications des métallos restent lettre morte, a déclaré, hier, à l'issue d'une énième entrevue, Mohamed Seddik Kourdjani, SG de la Fédération de la mécanique et la métallurgie. Qui peut déminer la bombe? Aucun signal n'indique que l'Ugta est en mesure de désarmer les métallos. Une intervention laconique de Boualem Bouzidi, lors de l'AG des métallos de mardi, a failli conduire à l'irréparable. Le secrétaire national chargé des conflits sociaux à l'Ugta, a, en effet, accusé les travailleurs, lassés par un dialogue stérile, de faire monter les enchères et de vouloir défendre un parti politique. La réunion d'hier n'a abouti à aucun résultat, d'après le chef de file des métallos. L'ultime entrevue est fixée pour samedi, la dernière chance avant la rupture. Les métallos, ont d'ores et déjà, chargé la batterie de protestations. Des sit-in sont programmés devant les SGP, cela étant la première décision prise. Quant à Sidi-Saïd, ce dernier va devoir se plier à un arbitrage à partir du 18 du mois en cours, dernier délai fixé au dialogue des fédérations de l'Ugta/SGP. Une question s'impose. Qui peut arrêter, ou, du moins, redresser les SGP? Désobéissance d'un côté, et entêtement de l'autre, le fossé ne cesse de s'élargir. C'est au gouvernement de prendre au sérieux cette question au lieu de fuir le bouillonnement du front social.