À l'initiative de Bengrina, chef du mouvement El- Bina, des partis politiques, des représentants du mouvement associatif et d'organisations syndicales se retrouvent, aujourd'hui, au Centre international des conférences. À l'ordre du jour de ce rassemblement, le renforcement du «front interne» et la «sécurisation» du pays. La situation qui prévaut au Niger depuis le 26 juillet dernier donne du crédit et de la crédibilité à l'offre de Bengrina. À l'évidence, l'Algérie n'a jamais été autant menacée. D'où l'insistance de la diplomatie algérienne à plaider la solution politique chez le voisin nigérien, alors que les bruits de botte se font entendre du côté de Niamey. Sur ce plan, Bengrina peut jouer sur du velours. Le contexte régional lui est entièrement favorable. Plus que jamais. Il ne pouvait pas manifestement trouver meilleur défenseur de son offre politique. Il ne lui reste qu'à convaincre ses convives de l'utilité de l'initiative. Et surtout de sa portée pour le pays dans un contexte de troubles dans le voisinage immédiat. Dans l'absolu, l'idée du front interne fait l'unanimité parmi les Algériens conscients des menaces qui guettent le pays. Certaines voix vont jusqu'à rappeler, aujourd'hui, que l'idée était là, il y a plusieurs années. Et que le chef d'El-Bina tente, à présent, de maturer une démarche qui n'a pas pu susciter les adhésions et les faveurs qu'elle aurait mérité. Autrement dit, les acteurs politiques et les animateurs associatifs adhèrent au principe de l'initiative. Pour laquelle Bengrina n'a pas lésiné sur l'effort. À telle enseigne que les mots de l'initiative sont connus par l'ensemble des Algériens. Le dissident du MSP n'a pas cessé depuis au moins une année à défendre son offre. Il appelait constamment à «préserver les acquis du pays à travers le renforcement de la cohésion entre le peuple et ses institutions en vue de parachever l'édification de la nouvelle Algérie». Bengrina mettait en avant «les exploits de l'Algérie, qui a su préserver sa sécurité et sa souveraineté dans différents domaines et renforcer son rôle pivot sur les scènes régionale et internationale». Il plaidait «la nécessité de mettre à profit ces exploits dans un contexte mondial agité». Pour le fils de Ouargla, l'Algérie «a toujours été forte et elle le restera grâce à son peuple uni et à son front interne solide à même de contrer tous les plans ourdis contre elle». Ce sont là, les raisons de l'initiative pour Bengrina. Lequel a affirmé, ces derniers mois, que l'offre avance vers «la réalisation de son but grâce aux efforts de tous les partenaires, conscients de la responsabilité nationale qui leur incombe». Il a pu compter dans cette action sur l'adhésion d'une partie de la classe politique, notamment le FLN, le RND, le Front El-Moustakbel, TAJ, la Voix du peuple...Auxquels s'ajoutent une pléiade d'organisations et de collectifs présentés comme des représentants de la société civile. Parmi lesquels, l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), de la Confédération générale des entreprises algériennes (Cgea), de l'Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec), des Scouts, de l'Association des oulémas et de l'Association pour la protection des consommateurs. Le mouvement El-Bina a eu des échos favorables, de ce côté-là, qu'il mise sur 1 300 participants au conclave d'aujourd'hui. Le parti islamiste doit cependant compter sur des défections de taille. Notamment celles de l'opposition démocratique. «Tout en respectant les positions des partis et leur liberté d'entreprendre les initiatives qui correspondent à la situation politique, le Parti des travailleurs déclare ne pas pouvoir répondre positivement à l'invitation à participer à l'initiative d'El-Bina», a affirmé la formation de Louisa Hanoune dans un communiqué. Les autres formations politiques ne seront pas également de la partie du CIC. C'est le cas du FFS, RCD et de Jil Jadid. D'autres parties du courant islamiste ont décliné l'offre à l'image du MSP et du FJD. Le premier avait pourtant pris part à la première réunion des partisans de l'initiative. Avant de prendre ses distances alors que le parti de Djaballah préfère la ligne de la radicalité. Autant de positionnements et d'indicateurs qui mettent à l'épreuve l'offre d'El-Bina.