Tous les regards restent braqués depuis que les responsables du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) issu du coup d'Etat au Niger ont donné un ultimatum de 48 heures à l'ambassadeur de France pour quitter le pays. La réaction de Paris excluant une telle option dès lors que les nouveaux dirigeants n'ont pas l'autorité «légitime» est observée avec attention par différentes capitales, surtout après que l'information sur le survol de l'espace aérien du Maroc par des avions de guerre français ait été éventée. Samedi, en fin de journée, pas moins de 20000 personnes étaient rassemblées dans le stade Seyni Kountché, à Niamey, pour manifester leur soutien au CNSP militaire dans le bras de fer engagé avec la France. Les partisans portaient des milliers de drapeaux nigériens, algériens et russes partout dans les tribunes du stade et dans les rues. «On a le droit de choisir les partenaires qu'on veut, la France doit respecter ce choix», entendait-on parmi les manifestants. «Depuis soixante ans, on n'a jamais été indépendants, on l'est seulement depuis le jour du coup d'Etat: alors, nous sommes à 100% derrière le CNSP» que dirige le général Abdourahamane Tiani. «Le combat ne s'arrêtera que le jour où il n'y aura plus aucun militaire français au Niger», leur a assuré un membre du CNSP, le colonel Ibro Amadou. Tandis que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a déjà décidé d'imposer de lourdes sanctions économiques et financières au Niger, au lendemain du coup d'Etat, et l'a suspendu de ses institutions, l'Union africaine a pris le relais et a fait de même. C'est dans ce contexte préoccupant que se sont déroulés les efforts pour une solution diplomatique du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, et du secrétaire général du MAE, tous deux mandatés par le président Tebboune, et il semble que leur mission se soit révélée fructueuse. Une convergence de vues s'est en effet traduite au terme des visites à Abuja, au Nigeria, à Cotonou, au Bénin, et à Accra, au Ghana où la nécessité d'une solution politique de la crise a été mutuellement affirmée. Samedi, c'était au tour de la secrétaire d'Etat américaine adjointe chargée des affaires africaines, Molly Phee, de rencontrer les responsables de la Cédéao à Abuja, capitale du Nigeria qui assure la présidence tournante de l'organisation régionale ouest-africaine. Les Etats-Unis ont déjà manifesté leur soutien à la recherche d'une solution politique concrétisée par la diplomatie algérienne sur le terrain. Le défi est important dans la mesure où le Mali et le Burkina ont apporté leur appui au Niger et affirmé que leur armée combattra à ses côtés en cas d'intervention militaire de la Cédéao, ce qui ne manquerait pas de plonger toute la région sahélienne dans une situation plus que dramatique.