Ce livre est un événement, un grand événement éditorial et culturel. Il s'agit d'un pavé de plus de 800 pages qui sort simultanément en Algérie (aux Editions El Kalima) et en France (Editions du Seuil). C'est un livre qui fera date et pour s'en imprégner il suffit de lire les extraits suivants où Jean Sénac exprime ses profonds sentiments et ses pensées les plus lucides: «Et je suis ici, immobile, complice et lâche. J'ai honte, honte... Partir pour l'Aurès! Ecrire? Mourir? Tuer? Aller au Caire? Témoigner à Alger? Agir à Paris? Que l'Homme en moi se fasse pour ma Patrie algérienne! [...] Que faire?» ou encore: «Ecrire, mais quoi? Je suis entre deux feux, deux vérités, l'une à dire, l'autre à taire. Et c'est bien la seule vérité qu'il faut». À l'occasion de la sortie de ce livre-événement, l'éditeur rappelle que depuis son assassinat le 30 août 1973, Jean Sénac n'a cessé d'imposer sa voix de poète visionnaire, qui a payé de sa vie le courage de ses positions et sa volonté de vérité: il avait choisi le parti des indépendantistes, dans une Algérie où, tel Camus qui était son ami, il était né. «Après la publication de ses oeuvres poétiques complètes et de sa biographie par Bernard Mazo, la découverte de ses carnets secrets, qui fourmillent de notations intimes et d'interrogations politiques, de poèmes et de réflexions sur la création artistique et sur la société, sur l'amour, l'homosexualité et l'amitié, donne de cette personnalité hors du commun une image bouleversante qui le rapproche de ses frères en poésie Constantin Cavafis, Pier Paolo Pasolini, Federico García Lorca, René Char», précise encore l'éditeur. Le livre est préfacé par Guy Dugas. Ce dernier, est pour rappel, responsable des Archives Sénac. Il est professeur des universités, spécialiste du domaine arabe et des minorités en Méditerranée. Il dirige à l'université de Montpellier III un important fonds littéraire, le «Fonds Roblès-Patrimoine méditerranéen» réunissant les archives d'Emmanuel Roblès, Armand Guibert, Jules Roy, Maurice Monnoyer, etc... Le mérite de la maison d'édition algérienne «El Kalima», dirigée par Naïma Beldjoudi est grandiose. Cette maison d'édition a réussi à arracher la possibilité d'une coédition avec la prestigieuse maison d'édition française «du Seuil», de cet ouvrage exceptionnel resté dans les tiroirs pendant plusieurs décennies. Dans le même sillage, la même maison d'édition a publié, il y a quelques jours, dans le cadre de sa collection «Les petits inédits maghrébins», le livre «Suite oranaise» de Jean Sénac. Cet ouvrage regroupe trois textes de Sénac. Il s'agit de «Oran de l'aube», «New Oran» et «Santa Cruz», le tout prolongé de pages oranaises du journal intime qui en est la source. Ces textes constituent trois regards et trois formes d'écriture: un essai, un récit et un poème sur une ville cosmopolite qui représente tout à la fois le symbole des origines familiales, culturelles et littéraires du poète franco-hispano algérien, Jean Sénac. Il faut noter que de nombreuses activités sont prévues pour rendre hommage au poète Jean Sénac. Le 17 novembre 2023, une journée Jean Senac à l'´Institut de Monde arabe à Paris avec Guy Dugas sera au menu. Aussi, la ville de Marseille abritera une conférence à la bibliothèque de l'Alcazar de Marseille dès samedi prochain 2 septembre. Il y a lieu de rappeler que le poète Jean Sénac est né à Béni-Saf en Oranie le 29 novembre 1926. Il est décédé le 30 août 1973.