Trois semaines après le coup d'Etat qui a renversé le président gabonais Ali Bongo Ondimba, un de ses fils, et des proches du cabinet du président déchu ont été mis en examen et incarcéré pour «haute trahison» et «corruption active». Le procureur de Libreville André-Patrick Roponat a annoncé que Noureddin Bongo Valentin, le fils aîné d'Ali Bongo, Jessye Ella Ekogha, l'ancien porte-parole de la présidence, ainsi que quatre autres personnes ont «été mises en examen mardi et placées en détention provisoire».»Tous les chefs d'inculpation lors de leurs arrestations ont été retenus pour leurs mises en examen», a précisé M. Roponat, soit «haute trahison contre les institutions de l'Etat, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiants». Le 30 août, moins d'une heure après l'annonce en pleine nuit de la réélection d'Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009 et accusé de fraudes massives, les militaires, menés par le général Brice Oligui Nguema, l'ont renversé, accusant notamment son régime de «détournements massifs» de fonds publics. Le jour même du coup d'Etat, les militaires avaient arrêté l'un des fils du chef de l'Etat déchu, ainsi que cinq autres jeunes hauts responsables du cabinet de l'ex-président et de son épouse Sylvia Bongo Valentin. Les perquisitions à leurs domiciles, retransmises abondamment par la télévision d'Etat, les montraient aux pieds de malles, valises et sacs débordants de liasses de billets de banque. Mme Bongo Valentin est en résidence surveillée à Libreville «pour sa protection» selon la présidence, «détenue arbitrairement» selon ses avocats. Ali Bongo, d'abord placé en résidence surveillée à Libreville, la capitale du Gabon, pendant quelques jours qui ont suivis le putsch, est «libre de ses mouvements» et peut «se rendre à l'étranger», avait annoncé le général Oligui le 6 septembre. Le 13 septembre, le général Brice Oligui Nguema, désigné président de transition, a annoncé une commission d'enquête sur les marchés publics pour traquer les «fraudes». Après le putsch, l'ancien aide de camp d'Omar Bongo, qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant plus de 40 ans, avait immédiatement sommé les patrons pratiquant la «surfacturation» contre des rétrocommissions versées aux hauts responsables du pouvoir déchu de «stopper ces manoeuvres» dans les passations de marchés publics, lors d'un discours menaçant devant 200 à 300 chefs d'entreprises gabonaises «convoqués» à la présidence. Quelques jours plus tard, il tançait publiquement des centaines de hauts fonctionnaires et cadres du secteur public: «Venez de vous-même restituer les fonds détournés sous 48 heures sinon nous viendrons vous chercher et vous verrez la différence», avait-il déclaré.